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Kpalimé, le 4 mars
La nuit a été confortable et bienfaisante. Nous partons en matinée sur le mont Koplo (la montagne aux tortues), qui surplombe Kpalimé et où nous nous baladons, tantôt à pied, tantôt en voiture. Le temps de réviser un peu son vocabulaire scrabblesque, avec les irokos dont j’ai déjà parlé, mais aussi le rocou qui sert à faire de la teinture rouge, l’indigo (teinture bleue), le teck, le kapokier géant, etc.. Un guide botaniste nous accompagne dans les chemins. Un petit village aux portes et aux fenêtres décorées de motifs colorés nous offre l’ombrage de son gros double figuier pour un Coca bien frais.
Je n’aurai pas le courage de descendre voir la cascade en contrebas de la route sur le coup de midi. Il y a des moments où je me sens écrasée de chaleur, bien qu’il fasse ici plus frais, et où le moindre effort physique m’est absolument impossible. Depuis mon infarctus en 1992 en plein désert saharien j’ai peur dès que je dois marcher sous une certaine température.
Les panoramas du haut du mont Koplo sont magnifiques. Si le temps était clair on pourrait voir le lac Volta, situé au Ghana, à 11 kilomètres d’ici seulement.
Sieste bienheureuse et moment de solitude très agréable cet après-midi où j’écris. Je ne suis ici que très rarement seule, pour ne pas dire que c’est presque la première fois. Les Africains aiment à rester en groupe, et me laisser leur paraît un crime de lèse-majesté. Or, cette solitude m’est aussi nécessaire que l’eau que je bois, et cet après-midi au bord de la piscine, alors que Prince et Claude s’attardent pour la sieste, je la goûte avec bonheur.
Les choses vont bien. Je viens d’apprendre ce matin que le deuxième navire arrivait à Cotonou sans retard, et que les Béninois avaient enfin obtenu une exonération totale des taxes de douane que nous pourrons utiliser. Ce document qu’il a fallu plus d’un mois à obtenir aurait dû être demandé bien avant mon arrivée. Cela aurait économisé beaucoup d’argent à la FISF. Mais l’attendre pour sortir les marchandises du port aurait aussi retardé le Rallye d’un mois et demi, ce qui est inconcevable. Si la fédération béninoise avait effectué correctement son travail de préparation cela ne serait pas arrivé.
La question se pose toujours du planning pour le reste du voyage. Claude a plus ou moins décidé semble-t-il de rentrer en Suisse. Une épidémie de méningite sévit dans le nord du Bénin et du Togo, et il n’est pas vacciné comme moi. La chaleur annoncée à partir de Ouagadougou au Burkina est bien pire que celle d’ici, qu’il a déjà du mal à supporter. Je serai donc seule pour la suite, ce qui ne me gêne en rien. On n’est jamais seul ici (malheureusement !) Prince, Olivier et Modeste feront avec moi le voyage jusqu’à Bamako. Je les aime bien tous les trois, et suis certaine que cela se passera bien entre nous.
Il faudra en revanche que je me forme un peu plus à l’animation scolaire et à l’arbitrage. Je vais en avoir l’occasion rêvée les prochains jours à Lomé puisque Claude va animer un stage réparti sur trois jours. Je vais pouvoir le suivre et m’en inspirer pour les Camerounais, les Burkinabés et les Maliens.
La question du Cameroun est toujours en suspens, mais je commence sérieusement à envisager de m’y rendre. Si le site du Ministère des Affaires étrangères français déconseille le voyage, il faut tenir compte du fait que ses « conseils aux voyageurs » sont à peu près les mêmes pour tous les pays hors continent européen : « restez chez vous ! » Les Camerounais m’ont écrit pour me dire que la situation était désormais stable, bien que sous contrôle de l’armée. Le site du journal Le Monde ne fait paraître aucun article concernant le Cameroun depuis le 28 février, signe que les choses se sont apaisées. La télévision quant à elle n’en parle plus non plus. Il me paraît enfin difficile de squeezer cette partie du voyage, non seulement pour les Camerounais eux-mêmes qui en seront lésés et qui sans doute n’ont pas besoin de cela, mais aussi pour les autres pays qui verraient tout le planning du Rallye modifié, en particulier les Guinéens et les Ivoiriens qui ont prévu de longue date leur voyage au Mali et au Burkina. Il faudra sans doute que je prenne la précaution de signaler très précisément mon arrivée et mes coordonnées téléphoniques à l’ambassade de France, au cas où. Cela devrait suffire.
La situation scrabblesque au Cameroun semble bien plus compliquée encore que la situation togolaise. J’ai là-bas deux interlocuteurs qu’il faudra unifier, contre leur volonté sans doute. Ceci sera la condition du Rallye et de la remise du matériel, que je vais un peu retarder pour me donner le temps d’observer et de comprendre la situation et les possibilités de rapprochement entre les deux camps.
Alors que j’écris au bord de cette piscine le temps est très couvert et la pluie menaçante. Une accalmie dans l’ensoleillement infernal de cette région du monde où la grande saison sèche est en train de prendre fin. Mais la saison des pluies n’est pas toujours bienfaisante non plus pour les habitants : inondations, routes impraticables, ne sont pas non plus faciles à vivre. L’Afrique, continent des extrêmes ! L’Afrique, « Comment ça va avec la douleur ? »
Je n’aurai pas le courage de descendre voir la cascade en contrebas de la route sur le coup de midi. Il y a des moments où je me sens écrasée de chaleur, bien qu’il fasse ici plus frais, et où le moindre effort physique m’est absolument impossible. Depuis mon infarctus en 1992 en plein désert saharien j’ai peur dès que je dois marcher sous une certaine température.
Les panoramas du haut du mont Koplo sont magnifiques. Si le temps était clair on pourrait voir le lac Volta, situé au Ghana, à 11 kilomètres d’ici seulement.
Sieste bienheureuse et moment de solitude très agréable cet après-midi où j’écris. Je ne suis ici que très rarement seule, pour ne pas dire que c’est presque la première fois. Les Africains aiment à rester en groupe, et me laisser leur paraît un crime de lèse-majesté. Or, cette solitude m’est aussi nécessaire que l’eau que je bois, et cet après-midi au bord de la piscine, alors que Prince et Claude s’attardent pour la sieste, je la goûte avec bonheur.
Les choses vont bien. Je viens d’apprendre ce matin que le deuxième navire arrivait à Cotonou sans retard, et que les Béninois avaient enfin obtenu une exonération totale des taxes de douane que nous pourrons utiliser. Ce document qu’il a fallu plus d’un mois à obtenir aurait dû être demandé bien avant mon arrivée. Cela aurait économisé beaucoup d’argent à la FISF. Mais l’attendre pour sortir les marchandises du port aurait aussi retardé le Rallye d’un mois et demi, ce qui est inconcevable. Si la fédération béninoise avait effectué correctement son travail de préparation cela ne serait pas arrivé.

Il faudra en revanche que je me forme un peu plus à l’animation scolaire et à l’arbitrage. Je vais en avoir l’occasion rêvée les prochains jours à Lomé puisque Claude va animer un stage réparti sur trois jours. Je vais pouvoir le suivre et m’en inspirer pour les Camerounais, les Burkinabés et les Maliens.
La question du Cameroun est toujours en suspens, mais je commence sérieusement à envisager de m’y rendre. Si le site du Ministère des Affaires étrangères français déconseille le voyage, il faut tenir compte du fait que ses « conseils aux voyageurs » sont à peu près les mêmes pour tous les pays hors continent européen : « restez chez vous ! » Les Camerounais m’ont écrit pour me dire que la situation était désormais stable, bien que sous contrôle de l’armée. Le site du journal Le Monde ne fait paraître aucun article concernant le Cameroun depuis le 28 février, signe que les choses se sont apaisées. La télévision quant à elle n’en parle plus non plus. Il me paraît enfin difficile de squeezer cette partie du voyage, non seulement pour les Camerounais eux-mêmes qui en seront lésés et qui sans doute n’ont pas besoin de cela, mais aussi pour les autres pays qui verraient tout le planning du Rallye modifié, en particulier les Guinéens et les Ivoiriens qui ont prévu de longue date leur voyage au Mali et au Burkina. Il faudra sans doute que je prenne la précaution de signaler très précisément mon arrivée et mes coordonnées téléphoniques à l’ambassade de France, au cas où. Cela devrait suffire.
La situation scrabblesque au Cameroun semble bien plus compliquée encore que la situation togolaise. J’ai là-bas deux interlocuteurs qu’il faudra unifier, contre leur volonté sans doute. Ceci sera la condition du Rallye et de la remise du matériel, que je vais un peu retarder pour me donner le temps d’observer et de comprendre la situation et les possibilités de rapprochement entre les deux camps.
Alors que j’écris au bord de cette piscine le temps est très couvert et la pluie menaçante. Une accalmie dans l’ensoleillement infernal de cette région du monde où la grande saison sèche est en train de prendre fin. Mais la saison des pluies n’est pas toujours bienfaisante non plus pour les habitants : inondations, routes impraticables, ne sont pas non plus faciles à vivre. L’Afrique, continent des extrêmes ! L’Afrique, « Comment ça va avec la douleur ? »
Lomé, 7-8 mars
C’est la première fois que je prends un peu de retard dans la rédaction de ce blog. Les lecteurs auront compris qu’il s’agissait de jours de détente et que, lorsque je me détends, je commence déjà par me taire !
Il faut néanmoins que je dise quelques mots de la balade du 6 mars sur le plateau de Danyi. Magnifique incursion dans les campagnes profondes du Togo où l’on peut observer les villages de pisé rouge, au centre desquels se trouvent des paillottes permettant de se regrouper un peu au frais. Dans les hameaux, traînent des chèvres un peu maigrichonnes, des enfants souvent en haillons. Sur notre passage on crie « yovo », le blanc, et on demande souvent des cadeaux. Certains permettent gentiment qu’on prenne des photos, et se contentent du bonheur de se voir à l’écran.
La végétation sur ces plateaux est typiquement tropicale, mais très desséchée en cette période de fin de la grande saison sèche. Partout, et surtout dans les cimetières, fleurissent des frangipaniers merveilleusement odorants. Les morts ont bien de la chance ici ! Les premières pluies commencent à se produire, des pluies chaudes et brèves après lesquelles la terre exhale une forte odeur d’humus. La terre qui absorbe immédiatement cette eau bienfaisante, c’est un plaisir, de parfums et de lumières magnifiques.
La route est totalement défoncée, et notre Prince doit se faufiler entre les nids de poule. Nous progressons très lentement jusqu’à Atakpamé, notre halte de ce soir, à laquelle nous ne parvenons que la nuit tombée. Notre hôtel est dans le noir. Nous visitons notre chambre à la torche. Mais nous commençons à avoir l’habitude et ne nous affolons pas ! Longue errance enfin dans la ville, bondée de monde, de monde noir, habillé souvent de sombre, en vélos ou en motos sans feux ! J’ai l’impression que c’est un miracle de ne pas écraser quelqu’un !
Tôt le lendemain, nous repartons sur Lomé, chez Nathalie. Diverses courses en ville. De l’argent liquide, si difficile à se procurer avec les plafonds auxquels sont soumises les cartes bancaires. Un billet de retour sur Paris pour Claude qui a confirmé sa décision de rentrer.
C’est que pour faire un tel voyage, il faut des gens un peu spéciaux, dont je suis et dont il n’est pas. Des baroudeurs qui souffrent de très mauvaises conditions, des nomades qui aiment changer de lieu chaque jour et ne sont pas inquiets de ce qu’ils vont trouver le soir, des obstinés ou obsessionnels sur l’objectif qu’ils se sont fixés, des aventuriers qui aiment le risque ou ne le surestime pas. Claude ne fait pas partie de ce monde de cinglés, et les quelques années qu’il a passées au Congo quand il avait 20 ans ne sont pas suffisantes. Chacun son truc, non ? Je comprends parfaitement et n’ai aucune inquiétude à continuer seule, tellement je ne le suis jamais en réalité ! Car ici, la vie reste tribale, qu’on le veuille ou non ! Si nous allons dîner au restaurant nous sommes nécessairement 7. Dans la maison de Nathalie, il ya un passage incessant d’enfants, d’adultes, de visiteurs, d’acheteurs de glace et de scrabbleurs. Dans la voiture nous ne circulons jamais à moins de 5. Etc.
J’éprouve le besoin de quitter la maison de Nathalie à Lomé où nous sommes reçus avec tant de gentillesse et de générosité. Chaque jour les femmes font à manger pour nous. Je me sens mal à l’aise, envahissante et redevable. Je n’aime pas ce sentiment. Nous avions prévu d’y passer deux nuits seulement, et si nous restons chez elles au Togo, nous y serons pour plus d’une semaine. Nous trouvons donc un hôtel au bord de la plage, dans lequel nous nous rendrons dès ce soir après la formation. Et puis, la mer me manque. De m’en sentir si près et de rester en pleine ville me frustre trop. Nos hôtes comprennent.
Aujourd’hui samedi Claude, anime la première séance de formation des animateurs scolaires togolais. Ils sont une quarantaine de jeunes gens, appliqués, bien sages. J’y assiste pour pouvoir démultiplier le cours moi-même dans les autres pays. J’aurai plus de mal avec les questions d’arbitrage qu’avec les questions pédagogiques que mon expérience professionnelle m’a permis maintes fois d’aborder. Le cours est très riche en exemples qui seront faciles à réutiliser.
Les stagiaires appartiennent autant au groupe de Carlos qu’au groupe de Kekeli. Souvent, ils se rencontrent ici pour la première fois ! Carlos et Kekeli découvrent même un jeune homme qui appartient à un club d’une quarantaine de personnes dans Lomé, et qu’ils ne connaissent ni l’un ni l’autre ! Ceci représente un objectif important du Rallye, regrouper des gens qui jouent de façon isolée et leur permettre de rejoindre une structure. Les participants sont calmes, sans doute parce qu’ils ne se connaissent pas encore. L’ambiance est studieuse mais très pas très animée.
Cet après midi ont lieu des Simultanés Panafricains en deux parties. Une bonne occasion de vérifier comment est organisé un tournoi en duplicate ici, comment il est arbitré, etc. Claude, dans sa mentalité suisse d’organisateur parfait, souffrira beaucoup ! Ils sont 45 qu’il doit arbitrer seul, les « aides » que lui fournissent Olivier et Modeste étant très imparfaites. Le tableau perd ses lettres sans cesse. De toute façon la salle est trop vaste pour qu’il soit lisible. Quant aux tableaux effaçables que nous avons apportés, ils sont encore moins lisibles, et les feutres qui les accompagnaient ont mystérieusement disparu ! Les numéros de table sont écrits à la craie sur les tables en bois d’écolier où sont installés les joueurs. Les bulletins réponse leur sont donnés sans avoir été découpés, si bien qu’ils sont très inégaux et voire mal déchirés. Modeste lit la partie pré-tirée. Il n’a pas réglé le chrono de mon ordi sur 3 minutes, et je crois bien que la partie se déroule en semi-rapide ! Il roule les R et j’ai souvent du mal à comprendre le tirage, qu’il ne prend pas systématiquement le soin de répéter avec les appellations réglementaires et qu’il ne situe jamais sur la grille avec les raccords formés. Mais, le championnat a lieu tout de même !
Les joueurs sont de bon niveau puisque, qu’ils appartiennent au groupe de Carlos ou à celui de Kekeli, ils sont tous au-delà de 50%. Le premier finit à – XXX. Un vrai futur champion !
La structure du bureau togolais que nous avons définie la semaine dernière semble avoir très bien tenue le coup et résisté à notre absence de Lomé pendant plusieurs jours. Carlos et Kekeli se rencontrent désormais et préparent les évènements ensemble, sans aucun tension apparente. Demain, dimanche, une grande opération permettra de faire voter les représentants des clubs pour validation du bureau, et sera suivie d’une cérémonie de remise du matériel. Tout cela me réjouit ! Ce sont les retombées très positives du Rallye ici, et cela me remonte considérablement le moral !
La soirée dans notre hôtel de Coco Beach achève ce bonheur ! Je bulle des heures dans la petite piscine avant de boire mon pastis bien frais ! Je m’abîme dans la contemplation de la nuit qui tombe et du port, tout proche, qui s’illumine. Il y a des grues à l’horizon et ceux qui me connaissent savent mon amour pour les grues ! Je dormirai profondément au frais dans cette chambre confortable où l’on entend au loin le roulement de la mer.
Il faut néanmoins que je dise quelques mots de la balade du 6 mars sur le plateau de Danyi. Magnifique incursion dans les campagnes profondes du Togo où l’on peut observer les villages de pisé rouge, au centre desquels se trouvent des paillottes permettant de se regrouper un peu au frais. Dans les hameaux, traînent des chèvres un peu maigrichonnes, des enfants souvent en haillons. Sur notre passage on crie « yovo », le blanc, et on demande souvent des cadeaux. Certains permettent gentiment qu’on prenne des photos, et se contentent du bonheur de se voir à l’écran.
La végétation sur ces plateaux est typiquement tropicale, mais très desséchée en cette période de fin de la grande saison sèche. Partout, et surtout dans les cimetières, fleurissent des frangipaniers merveilleusement odorants. Les morts ont bien de la chance ici ! Les premières pluies commencent à se produire, des pluies chaudes et brèves après lesquelles la terre exhale une forte odeur d’humus. La terre qui absorbe immédiatement cette eau bienfaisante, c’est un plaisir, de parfums et de lumières magnifiques.
La route est totalement défoncée, et notre Prince doit se faufiler entre les nids de poule. Nous progressons très lentement jusqu’à Atakpamé, notre halte de ce soir, à laquelle nous ne parvenons que la nuit tombée. Notre hôtel est dans le noir. Nous visitons notre chambre à la torche. Mais nous commençons à avoir l’habitude et ne nous affolons pas ! Longue errance enfin dans la ville, bondée de monde, de monde noir, habillé souvent de sombre, en vélos ou en motos sans feux ! J’ai l’impression que c’est un miracle de ne pas écraser quelqu’un !
Tôt le lendemain, nous repartons sur Lomé, chez Nathalie. Diverses courses en ville. De l’argent liquide, si difficile à se procurer avec les plafonds auxquels sont soumises les cartes bancaires. Un billet de retour sur Paris pour Claude qui a confirmé sa décision de rentrer.
C’est que pour faire un tel voyage, il faut des gens un peu spéciaux, dont je suis et dont il n’est pas. Des baroudeurs qui souffrent de très mauvaises conditions, des nomades qui aiment changer de lieu chaque jour et ne sont pas inquiets de ce qu’ils vont trouver le soir, des obstinés ou obsessionnels sur l’objectif qu’ils se sont fixés, des aventuriers qui aiment le risque ou ne le surestime pas. Claude ne fait pas partie de ce monde de cinglés, et les quelques années qu’il a passées au Congo quand il avait 20 ans ne sont pas suffisantes. Chacun son truc, non ? Je comprends parfaitement et n’ai aucune inquiétude à continuer seule, tellement je ne le suis jamais en réalité ! Car ici, la vie reste tribale, qu’on le veuille ou non ! Si nous allons dîner au restaurant nous sommes nécessairement 7. Dans la maison de Nathalie, il ya un passage incessant d’enfants, d’adultes, de visiteurs, d’acheteurs de glace et de scrabbleurs. Dans la voiture nous ne circulons jamais à moins de 5. Etc.
J’éprouve le besoin de quitter la maison de Nathalie à Lomé où nous sommes reçus avec tant de gentillesse et de générosité. Chaque jour les femmes font à manger pour nous. Je me sens mal à l’aise, envahissante et redevable. Je n’aime pas ce sentiment. Nous avions prévu d’y passer deux nuits seulement, et si nous restons chez elles au Togo, nous y serons pour plus d’une semaine. Nous trouvons donc un hôtel au bord de la plage, dans lequel nous nous rendrons dès ce soir après la formation. Et puis, la mer me manque. De m’en sentir si près et de rester en pleine ville me frustre trop. Nos hôtes comprennent.
Aujourd’hui samedi Claude, anime la première séance de formation des animateurs scolaires togolais. Ils sont une quarantaine de jeunes gens, appliqués, bien sages. J’y assiste pour pouvoir démultiplier le cours moi-même dans les autres pays. J’aurai plus de mal avec les questions d’arbitrage qu’avec les questions pédagogiques que mon expérience professionnelle m’a permis maintes fois d’aborder. Le cours est très riche en exemples qui seront faciles à réutiliser.
Les stagiaires appartiennent autant au groupe de Carlos qu’au groupe de Kekeli. Souvent, ils se rencontrent ici pour la première fois ! Carlos et Kekeli découvrent même un jeune homme qui appartient à un club d’une quarantaine de personnes dans Lomé, et qu’ils ne connaissent ni l’un ni l’autre ! Ceci représente un objectif important du Rallye, regrouper des gens qui jouent de façon isolée et leur permettre de rejoindre une structure. Les participants sont calmes, sans doute parce qu’ils ne se connaissent pas encore. L’ambiance est studieuse mais très pas très animée.
Cet après midi ont lieu des Simultanés Panafricains en deux parties. Une bonne occasion de vérifier comment est organisé un tournoi en duplicate ici, comment il est arbitré, etc. Claude, dans sa mentalité suisse d’organisateur parfait, souffrira beaucoup ! Ils sont 45 qu’il doit arbitrer seul, les « aides » que lui fournissent Olivier et Modeste étant très imparfaites. Le tableau perd ses lettres sans cesse. De toute façon la salle est trop vaste pour qu’il soit lisible. Quant aux tableaux effaçables que nous avons apportés, ils sont encore moins lisibles, et les feutres qui les accompagnaient ont mystérieusement disparu ! Les numéros de table sont écrits à la craie sur les tables en bois d’écolier où sont installés les joueurs. Les bulletins réponse leur sont donnés sans avoir été découpés, si bien qu’ils sont très inégaux et voire mal déchirés. Modeste lit la partie pré-tirée. Il n’a pas réglé le chrono de mon ordi sur 3 minutes, et je crois bien que la partie se déroule en semi-rapide ! Il roule les R et j’ai souvent du mal à comprendre le tirage, qu’il ne prend pas systématiquement le soin de répéter avec les appellations réglementaires et qu’il ne situe jamais sur la grille avec les raccords formés. Mais, le championnat a lieu tout de même !
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Les joueurs sont de bon niveau puisque, qu’ils appartiennent au groupe de Carlos ou à celui de Kekeli, ils sont tous au-delà de 50%. Le premier finit à – XXX. Un vrai futur champion !
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La structure du bureau togolais que nous avons définie la semaine dernière semble avoir très bien tenue le coup et résisté à notre absence de Lomé pendant plusieurs jours. Carlos et Kekeli se rencontrent désormais et préparent les évènements ensemble, sans aucun tension apparente. Demain, dimanche, une grande opération permettra de faire voter les représentants des clubs pour validation du bureau, et sera suivie d’une cérémonie de remise du matériel. Tout cela me réjouit ! Ce sont les retombées très positives du Rallye ici, et cela me remonte considérablement le moral !
La soirée dans notre hôtel de Coco Beach achève ce bonheur ! Je bulle des heures dans la petite piscine avant de boire mon pastis bien frais ! Je m’abîme dans la contemplation de la nuit qui tombe et du port, tout proche, qui s’illumine. Il y a des grues à l’horizon et ceux qui me connaissent savent mon amour pour les grues ! Je dormirai profondément au frais dans cette chambre confortable où l’on entend au loin le roulement de la mer.
Cotonou, 13 mars
La journée fut douce. Nous quittons Lomé ce matin pour le lac Togo, grand lac salé situé entre terre et mer. L’eau est ici paisible et clapote sur des rivages de sable blanc, où des cocotiers étalent une ombre bienfaisante. Une pirogue nous conduit jusqu’à Togoville, localité de 8500 habitants située au fond du lac, berceau du culte vaudou. La piste est sans cesse inondée, et on ne peut y aller par voie terrestre. Modeste, Prince et moi goûtons ce moment de pur bonheur pendant lequel nous glissons silencieusement sur l’eau, au rythme de la pagaie que manœuvre notre piroguier. La traversée dure environ 20 minutes. De grosses nasses flottent sur la surface du lac tranquille. Les paysages sont magnifiques. Partout sont cachés des fétiches que les habitants viennent prier selon leur spécialité.
Nous approchons de Togoville, construite sur une colline au milieu de laquelle trône une grosse église. Le pape Jean Paul II serait venu ici célébrer une messe. Togoville est une bourgade historique du Togo, ancienne capitale, aujourd’hui bien délabrée. C’est de là que sont partis des esclaves pour Haïti, ce qui explique que le culte vaudou, prédominant ici, se soit propagé si loin. La maison aux esclaves n’offre plus que des murs en ruine au milieu desquels jouent des enfants en haillons. Un roi existe toujours. On peut voir la salle dans laquelle, du haut de son trône vétuste, il rend la justice chaque semaine. Malgré son état d’abandon, la petite ville garde un charme fou et dégage l’impression d’une vie très paisible et heureuse.
Nous quittons le lac Togo en plein cagnard pour nous acheminer vers le Bénin d’où je pars ce soir au Cameroun. Nous prenons le temps de faire des détours par les pistes du bord de mer où s’échelonnent des hameaux de pêcheurs. La mer est ici très forte, et ce métier doit être extrêmement dangereux. Halte au magnifique Awalé Plage où Claude et moi avions passé quelques jours au début de notre séjour. Le temps de retrouver sur la plage la serveuse du bar, Rose, jolie jeune femme bavarde, souriante et coquine ! Bref, un retour sur Cotonou par le chemin des écoliers.
Lorsque nous approchons de la ville, la circulation redevient infernale. Je retrouve les fameux zems chevauchés par trois ou quatre personnes, plus quelques ballots, coincés on ne sait comment ! Les camions en provenance du Burkina et du Niger, se traînent lourdement vers le port de Cotonou. Quelle agitation malodorante !
Nous aurons le temps avant de prendre mon avion de nous rendre au Hall des Arts où justement ce soir, par pur hasard, se tient une réunion de la fédération béninoise. Le temps de dire bonjour à tous, et d’embrasser le vice-président. Il paraît que le Ministre de la Jeunesse voulait absolument me voir pendant que j’étais au Togo. Que les médias me réclamaient ! Bref, tout ce qui n’a pas été possible lors de mon séjour de 3 semaines, le devenait soudain dès que j’avais le dos tourné !
Longue attente dans cet aéroport pour prendre le Boeing d’Afriqiyah qui me conduit en 1h30 à peine à Douala. Là, en plein milieu d’une nuit chaude et humide, Claude et Georges, les deux ténors de la fédération camerounaise de scrabble, m’attendent, armés d’un fonctionnaire qui me permet immédiatement de sortir de l’aérogare sans aucune formalité ! A l’extérieur, ils sont une bonne quinzaine à m’attendre avec une pancarte joliment décorée du logo du Rallye. Je serre de très nombreuses mains. On me dit des noms que je ne retiendrai pas… Je suis un peu déboussolée et endormie ! Il est plus d’une heure du matin.
On me conduit en Mercédès climatisée chez Martial, où je vais loger quelques jours dans une jolie chambre aux rideaux vert pomme, celle du petit garçon de la maison. Je m’écroule très vite dans un sommeil profond sous le ventilateur tout proche de moi que je dirige très exactement sur ma tête. Dehors la pluie bat son plein. Demain debout 6 heures, car mes amis camerounais m’ont déjà prévu pour la seule matinée, une interview radio, une visite de lycée, une assemblée générale ! J’ai l’impression qu’on brûle les étapes et que je ne vais pas me reposer tous les jours, mais attendons demain ...
Nous approchons de Togoville, construite sur une colline au milieu de laquelle trône une grosse église. Le pape Jean Paul II serait venu ici célébrer une messe. Togoville est une bourgade historique du Togo, ancienne capitale, aujourd’hui bien délabrée. C’est de là que sont partis des esclaves pour Haïti, ce qui explique que le culte vaudou, prédominant ici, se soit propagé si loin. La maison aux esclaves n’offre plus que des murs en ruine au milieu desquels jouent des enfants en haillons. Un roi existe toujours. On peut voir la salle dans laquelle, du haut de son trône vétuste, il rend la justice chaque semaine. Malgré son état d’abandon, la petite ville garde un charme fou et dégage l’impression d’une vie très paisible et heureuse.
Nous quittons le lac Togo en plein cagnard pour nous acheminer vers le Bénin d’où je pars ce soir au Cameroun. Nous prenons le temps de faire des détours par les pistes du bord de mer où s’échelonnent des hameaux de pêcheurs. La mer est ici très forte, et ce métier doit être extrêmement dangereux. Halte au magnifique Awalé Plage où Claude et moi avions passé quelques jours au début de notre séjour. Le temps de retrouver sur la plage la serveuse du bar, Rose, jolie jeune femme bavarde, souriante et coquine ! Bref, un retour sur Cotonou par le chemin des écoliers.
Lorsque nous approchons de la ville, la circulation redevient infernale. Je retrouve les fameux zems chevauchés par trois ou quatre personnes, plus quelques ballots, coincés on ne sait comment ! Les camions en provenance du Burkina et du Niger, se traînent lourdement vers le port de Cotonou. Quelle agitation malodorante !
Nous aurons le temps avant de prendre mon avion de nous rendre au Hall des Arts où justement ce soir, par pur hasard, se tient une réunion de la fédération béninoise. Le temps de dire bonjour à tous, et d’embrasser le vice-président. Il paraît que le Ministre de la Jeunesse voulait absolument me voir pendant que j’étais au Togo. Que les médias me réclamaient ! Bref, tout ce qui n’a pas été possible lors de mon séjour de 3 semaines, le devenait soudain dès que j’avais le dos tourné !
Longue attente dans cet aéroport pour prendre le Boeing d’Afriqiyah qui me conduit en 1h30 à peine à Douala. Là, en plein milieu d’une nuit chaude et humide, Claude et Georges, les deux ténors de la fédération camerounaise de scrabble, m’attendent, armés d’un fonctionnaire qui me permet immédiatement de sortir de l’aérogare sans aucune formalité ! A l’extérieur, ils sont une bonne quinzaine à m’attendre avec une pancarte joliment décorée du logo du Rallye. Je serre de très nombreuses mains. On me dit des noms que je ne retiendrai pas… Je suis un peu déboussolée et endormie ! Il est plus d’une heure du matin.
On me conduit en Mercédès climatisée chez Martial, où je vais loger quelques jours dans une jolie chambre aux rideaux vert pomme, celle du petit garçon de la maison. Je m’écroule très vite dans un sommeil profond sous le ventilateur tout proche de moi que je dirige très exactement sur ma tête. Dehors la pluie bat son plein. Demain debout 6 heures, car mes amis camerounais m’ont déjà prévu pour la seule matinée, une interview radio, une visite de lycée, une assemblée générale ! J’ai l’impression qu’on brûle les étapes et que je ne vais pas me reposer tous les jours, mais attendons demain ...
Lomé, 10 mars
Le matin du 10 mars le ciel est dans tous ses états. D’énormes nuages noirs arrivent de l’océan, accompagnés d’un vent de tempête qui soulève le sable et ne permet plus de séjourner à l’extérieur. Il ne pleuvra que très peu. Presque pas. C’était une menace de tempête tropicale, rien de plus, juste de quoi se rendre compte de ce que ce doit être quand les éléments se déchaînent vraiment.
Nous avons rendez-vous avec le représentant national de la Francophonie, qui se trouve être aussi Directeur d’un campus pour étudiants étrangers en langue française, et l’interlocuteur de mon correspondant au Ministère français des affaires étrangères. L’accueil est chaleureux. Kekeli et Carlos sont là tous les deux, dans leur première représentation en commun de la Fédération togolaise. Les enseignants de ce campus veulent utiliser le Scrabble comme outil pédagogique dans leurs cours de français aux étudiants non francophones. S’ils savent se montrer sérieux dans le suivi de ce projet, nos amis togolais peuvent avoir alors de nombreuses portes ouvertes, à l’OIF d’une part, et dans les Ministères d’autre part. A vous de jouer Messieurs pour le premier partenariat institutionnel de la nouvelle fédération togolaise !
Claude poursuit sa formation dans la soirée. Dans des conditions toujours un peu approximatives, mais bon… Les stagiaires semblent enchantés. Combien parmi eux s’engageront effectivement dans l’animation scolaire ? Je ne sais pas. Les questions du tirage d’une partie et de l’arbitrage commencent à être abordées, mais ne le seront pas en profondeur, faute de temps et de matériel.
A 21 heures, le nouveau bureau se réunit pour la première fois à notre demande. Avant de quitter la fédération togolaise nous éprouvons le besoin d’assister à cette première rencontre, de sentir le climat, et de vérifier que les bases de l’accord obtenu sont solides. Nous travaillons sur la précision des différentes fonctions des membres du bureau, sur qui fait quoi. Il y a peu de différends finalement et, une fois la discussion établie, il semble facile de parvenir à un accord sur chaque point. Bien sûr, on ressent encore un peu de méfiance, un manque réel de cohésion, mais je crois en cette équipe. Carlos assurera avec efficacité des fonctions de représentation de la fédération auprès des institutions, des médias, des sponsors et de la FISF. Kekeli sera un très bon gestionnaire de l’ensemble des activités des clubs. Kevin, le trésorier, est quelqu’un de charismatique et sa parole aura du poids. Nathalie, enfin, dans son rôle de Secrétaire Générale, sera parfaite et mettra un peu de féminité dans le groupe.
La réunion s’achève trop tard pour que nous puissions trouver quoique ce soit à manger. Une banane, un verre d’eau et au lit !
Nous avons rendez-vous avec le représentant national de la Francophonie, qui se trouve être aussi Directeur d’un campus pour étudiants étrangers en langue française, et l’interlocuteur de mon correspondant au Ministère français des affaires étrangères. L’accueil est chaleureux. Kekeli et Carlos sont là tous les deux, dans leur première représentation en commun de la Fédération togolaise. Les enseignants de ce campus veulent utiliser le Scrabble comme outil pédagogique dans leurs cours de français aux étudiants non francophones. S’ils savent se montrer sérieux dans le suivi de ce projet, nos amis togolais peuvent avoir alors de nombreuses portes ouvertes, à l’OIF d’une part, et dans les Ministères d’autre part. A vous de jouer Messieurs pour le premier partenariat institutionnel de la nouvelle fédération togolaise !
Claude poursuit sa formation dans la soirée. Dans des conditions toujours un peu approximatives, mais bon… Les stagiaires semblent enchantés. Combien parmi eux s’engageront effectivement dans l’animation scolaire ? Je ne sais pas. Les questions du tirage d’une partie et de l’arbitrage commencent à être abordées, mais ne le seront pas en profondeur, faute de temps et de matériel.
A 21 heures, le nouveau bureau se réunit pour la première fois à notre demande. Avant de quitter la fédération togolaise nous éprouvons le besoin d’assister à cette première rencontre, de sentir le climat, et de vérifier que les bases de l’accord obtenu sont solides. Nous travaillons sur la précision des différentes fonctions des membres du bureau, sur qui fait quoi. Il y a peu de différends finalement et, une fois la discussion établie, il semble facile de parvenir à un accord sur chaque point. Bien sûr, on ressent encore un peu de méfiance, un manque réel de cohésion, mais je crois en cette équipe. Carlos assurera avec efficacité des fonctions de représentation de la fédération auprès des institutions, des médias, des sponsors et de la FISF. Kekeli sera un très bon gestionnaire de l’ensemble des activités des clubs. Kevin, le trésorier, est quelqu’un de charismatique et sa parole aura du poids. Nathalie, enfin, dans son rôle de Secrétaire Générale, sera parfaite et mettra un peu de féminité dans le groupe.
La réunion s’achève trop tard pour que nous puissions trouver quoique ce soit à manger. Une banane, un verre d’eau et au lit !
Lomé, 11 mars
Journée de farniente total au cours de laquelle je ne quitte pas Coco Beach. Longs moments dans la mer tiède, sans même faire l’effort de nager tant elle est salée et porteuse. Déjeuner de poisson grillé. Tri des photos. Sieste profonde. Je vais merveilleusement bien, et ce séjour ici m’aura totalement requinquée.
Dans la soirée toute la petite bande nous rejoint : Nathalie et sa jolie sœur Sylvie, psychologue, toujours toutes deux joliment apprêtés dans des tenues différentes chaque jour, Anastasia la maman, discrète et douce, Kekeli, William le formateur scolaire, chaleureux et très vivant, et nos indissociables Modeste et Prince, qui ne se quittent pas d’une semelle !
Claude s’apprête au départ. Toute la bande l’accompagnera à l’aéroport. Moi je ne quitte pas Coco Beach. Claude aura fait une expérience de retour en Afrique, 40 ans après y avoir vécu avec son épouse qui vient de disparaître. Il aura retrouvé plein de souvenirs, et estime que rien n’a vraiment changé. Je ne suis pas sûre qu’il ait vraiment raison, mais sans doute ce sentiment lui fait-il plaisir !
Dans la soirée toute la petite bande nous rejoint : Nathalie et sa jolie sœur Sylvie, psychologue, toujours toutes deux joliment apprêtés dans des tenues différentes chaque jour, Anastasia la maman, discrète et douce, Kekeli, William le formateur scolaire, chaleureux et très vivant, et nos indissociables Modeste et Prince, qui ne se quittent pas d’une semelle !
Claude s’apprête au départ. Toute la bande l’accompagnera à l’aéroport. Moi je ne quitte pas Coco Beach. Claude aura fait une expérience de retour en Afrique, 40 ans après y avoir vécu avec son épouse qui vient de disparaître. Il aura retrouvé plein de souvenirs, et estime que rien n’a vraiment changé. Je ne suis pas sûre qu’il ait vraiment raison, mais sans doute ce sentiment lui fait-il plaisir !
Son apport en formation aura été très intéressant, et j’espère être capable à mon tour de m’en inspirer pour les autres pays, car les scrabbleurs ne sont pas toujours pédagogues. Ainsi, au Bénin, avons-nous vu un animateur faire avec de jeunes lycéens des exercices de tirage extrêmement compliqués, qui ne peuvent donner aux jeunes que l’envie de fuir le Scrabble ! Les exercices de Claude permettent une approche progressive et ludique de tout ce que l’on peut faire avec des lettres, seule manière de donner aux enfants le goût du jeu.
Ce soir, première soirée télé de mon séjour ici. Au programme un film intéressant sur l’apartheid en Afrique du Sud. Ce film me remémore mon long voyage en Afrique australe, il y a maintenant presque trois ans, et me permet de comparer l’ambiance d’ici à celle de là-bas. L’Afrique francophone paraît plus riche que celle des 9 pays que j’ai traversés, mais moins gaie, moins festive. L’influence de la colonisation française peut-être ? Nous aurions alors eu la capacité de transmettre à ces peuples notre propre morosité ! Quelle horreur !
Ce qui me frappe surtout dans les rapports humains ici, au Bénin comme au Togo, c’est l’importance des rapports hiérarchisés, comme nous les connaissions avant la révolution sociologique de mai 68. L’élève vénère son prof, l’enfant est sage devant les adultes assis dans son coin sans prendre la parole, le vouvoiement est de rigueur dès qu’il existe une différence d’âge ou de condition sociale, etc. Autant de pratiques que j’ai connues dans mon enfance et qui, aujourd’hui, se sont terriblement assouplies, pour ne pas dire qu’elles ont disparu.
Avons-nous transmis l’idéologie de la soumission qui prévalait dans les modes relationnels du colonialisme, ou ce mode relationnel est-il hérité des traditions africaines ? On peut déplorer par exemple dans les écoles que le châtiment corporel sévisse toujours. On peut observer sur la plage un simple gardien ordonner à un gamin tout nu de ramasser les branches mortes pour nettoyer. Le patron de cet hôtel quand il est mécontent contre un de ses employé le traite « d’imbécile », « d’incapable ». Cela ne semble choquer personne.
Sous cette apparente soumission et sous le climat de calme actuel qui règne dans le pays, on m’assure que le cœur du peuple togolais gronde toujours. La démocratie n’est encore qu’apparente et bien fragile, même si elle a progressé depuis l’arrivée au pouvoir du fils de l’ancien président. Il n’existe ni scolarité ni médecine gratuite. La pauvreté et les injustices sont criantes et s’exprimeront un jour sous forme de révolte m’assure t-on. Il se peut que j’aie pu effectuer ce voyage dans un petit créneau de calme qui ne se reproduira plus dans les prochaines années.
Ce soir, première soirée télé de mon séjour ici. Au programme un film intéressant sur l’apartheid en Afrique du Sud. Ce film me remémore mon long voyage en Afrique australe, il y a maintenant presque trois ans, et me permet de comparer l’ambiance d’ici à celle de là-bas. L’Afrique francophone paraît plus riche que celle des 9 pays que j’ai traversés, mais moins gaie, moins festive. L’influence de la colonisation française peut-être ? Nous aurions alors eu la capacité de transmettre à ces peuples notre propre morosité ! Quelle horreur !
Ce qui me frappe surtout dans les rapports humains ici, au Bénin comme au Togo, c’est l’importance des rapports hiérarchisés, comme nous les connaissions avant la révolution sociologique de mai 68. L’élève vénère son prof, l’enfant est sage devant les adultes assis dans son coin sans prendre la parole, le vouvoiement est de rigueur dès qu’il existe une différence d’âge ou de condition sociale, etc. Autant de pratiques que j’ai connues dans mon enfance et qui, aujourd’hui, se sont terriblement assouplies, pour ne pas dire qu’elles ont disparu.
Avons-nous transmis l’idéologie de la soumission qui prévalait dans les modes relationnels du colonialisme, ou ce mode relationnel est-il hérité des traditions africaines ? On peut déplorer par exemple dans les écoles que le châtiment corporel sévisse toujours. On peut observer sur la plage un simple gardien ordonner à un gamin tout nu de ramasser les branches mortes pour nettoyer. Le patron de cet hôtel quand il est mécontent contre un de ses employé le traite « d’imbécile », « d’incapable ». Cela ne semble choquer personne.
Sous cette apparente soumission et sous le climat de calme actuel qui règne dans le pays, on m’assure que le cœur du peuple togolais gronde toujours. La démocratie n’est encore qu’apparente et bien fragile, même si elle a progressé depuis l’arrivée au pouvoir du fils de l’ancien président. Il n’existe ni scolarité ni médecine gratuite. La pauvreté et les injustices sont criantes et s’exprimeront un jour sous forme de révolte m’assure t-on. Il se peut que j’aie pu effectuer ce voyage dans un petit créneau de calme qui ne se reproduira plus dans les prochaines années.