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Dschang, le 27 mars
Le lever est horrible. J’ai mal dormi. Les cafards sont toujours là et je ne peux absolument pas m’approcher de la salle de bains. L’hôtel ne propose pas de petit déjeuner et, dans la double conjonction de ne pouvoir avoir ni café ni douche, je suis comateuse et énervée.
Sylvain me dégotte une espèce de boulangerie dans laquelle je peux tout de même déjeuner, alors que sous mes yeux, un poliomyélitique marche dans la rue à quatre pattes, comme un animal ! J’ai si faim que le café parvient à passer, mais au fond de moi j’ai mal au cœur de tant de misère.
Une fois achetée une nouvelle roue d’occasion, nous quittons Nkongsamba pour Dschang située à 1400 mètres d’altitude. En prévision du « froid », Sylvain a déjà revêtu un sweatshirt bien épais ! Il appréhende de se rendre dans ces contrées de montagne en bon Douala qu’il est ! En dessous de 30° les africains souffrent ! Comment font-ils pour parvenir à vivre chez nous ?
Nous avons acheté un CD de musique africaine, aussitôt gravé de façon piratée par le commerçant à qui nous expliquons ce que nous voulons. Ismaël Lo fait merveille à bord de la Toyota dans le paysage de montagnes dont nous approchons. La route serpente à travers la végétation au fur et à mesure que se dévoilent les panoramas grandioses de la plaine en contrebas.
Les amis camerounais m’ont appelée. Il faut qu’ils payent des frais de transit pour sortir la marchandise de l’aéroport. Ils aimeraient bien que la FISF les prenne en charge, mais j’explique que nous avons payé si cher le fret aérien, le transport maritime et les frais de sortie du port de Cotonou, que nous ne pouvons plus engager de dépenses dans ce domaine, et qu’ils vont devoir se cotiser et se débrouiller. Il y a tout de même parmi les scrabbleurs une bonne quantité de gens qui travaillent et doivent gagner correctement leur vie. Il faut bien aussi à un certain moment donner un peu du sien.
Je dois avouer que, même si je comprends que mes moyens n’aient rien à voir avec les leurs, je suis un peu agacée maintenant, au bout de deux mois, de toujours être sollicitée ici et ailleurs, et de devoir presque m’excuser et me justifier de ne pas payer. C’est un peu comme si l’argent ne nous était pas compté à nous, européens.
Arrivés à Dschang, je me rends dans un superbe complexe hôtelier, appelé Centre Climatique. C’est un endroit étonnant qui a été construit par les allemands et qui, en 1942, servait de centre de repos pour les français ne pouvant rentrer chez eux. Décidément ces pauvres camerounais ont subi toutes les formes de colonisation, française, allemande et anglaise ! Dans un jardin parfaitement entretenu, aux pelouses bien tondues, aux arbres bien taillés, des petits pavillons circulaires de style colonial et romantique sont parsemés. Chacun d’eux est entouré d’un péristyle de colonnes et devancé par une véranda et un petit perron. On se croirait chez Sissi ! A cette altitude on trouve de grands conifères étonnants, des pins mais aussi des sapins qui ressemblent à des tamaris géants. Le restaurant est tout en bois, du sol au plafond, les tables parfaitement dressées alors que le centre est absolument vide. Les meubles sont étonnants, du style lourd et tarabiscoté des années 30 germaniques, et surtout tellement inhabituel en continent africain ! Ma chambre est monacale, mais d’une propreté impeccable. Je vais pouvoir me laver et dormir.
En effet, pour la première fois depuis que je suis au Cameroun, je suis fatiguée. J’ai toujours plus ou moins des problèmes intestinaux. Mes jambes sont dévorées par des piqûres de moustique qui démangent sans arrêt. Je n’ai envie de rien d’autre que de me coucher en plein après-midi. Jusqu’à demain. Sans doute le contrecoup de la journée d’hier.
Sylvain me dégotte une espèce de boulangerie dans laquelle je peux tout de même déjeuner, alors que sous mes yeux, un poliomyélitique marche dans la rue à quatre pattes, comme un animal ! J’ai si faim que le café parvient à passer, mais au fond de moi j’ai mal au cœur de tant de misère.
Une fois achetée une nouvelle roue d’occasion, nous quittons Nkongsamba pour Dschang située à 1400 mètres d’altitude. En prévision du « froid », Sylvain a déjà revêtu un sweatshirt bien épais ! Il appréhende de se rendre dans ces contrées de montagne en bon Douala qu’il est ! En dessous de 30° les africains souffrent ! Comment font-ils pour parvenir à vivre chez nous ?
Nous avons acheté un CD de musique africaine, aussitôt gravé de façon piratée par le commerçant à qui nous expliquons ce que nous voulons. Ismaël Lo fait merveille à bord de la Toyota dans le paysage de montagnes dont nous approchons. La route serpente à travers la végétation au fur et à mesure que se dévoilent les panoramas grandioses de la plaine en contrebas.
Les amis camerounais m’ont appelée. Il faut qu’ils payent des frais de transit pour sortir la marchandise de l’aéroport. Ils aimeraient bien que la FISF les prenne en charge, mais j’explique que nous avons payé si cher le fret aérien, le transport maritime et les frais de sortie du port de Cotonou, que nous ne pouvons plus engager de dépenses dans ce domaine, et qu’ils vont devoir se cotiser et se débrouiller. Il y a tout de même parmi les scrabbleurs une bonne quantité de gens qui travaillent et doivent gagner correctement leur vie. Il faut bien aussi à un certain moment donner un peu du sien.
Je dois avouer que, même si je comprends que mes moyens n’aient rien à voir avec les leurs, je suis un peu agacée maintenant, au bout de deux mois, de toujours être sollicitée ici et ailleurs, et de devoir presque m’excuser et me justifier de ne pas payer. C’est un peu comme si l’argent ne nous était pas compté à nous, européens.
Arrivés à Dschang, je me rends dans un superbe complexe hôtelier, appelé Centre Climatique. C’est un endroit étonnant qui a été construit par les allemands et qui, en 1942, servait de centre de repos pour les français ne pouvant rentrer chez eux. Décidément ces pauvres camerounais ont subi toutes les formes de colonisation, française, allemande et anglaise ! Dans un jardin parfaitement entretenu, aux pelouses bien tondues, aux arbres bien taillés, des petits pavillons circulaires de style colonial et romantique sont parsemés. Chacun d’eux est entouré d’un péristyle de colonnes et devancé par une véranda et un petit perron. On se croirait chez Sissi ! A cette altitude on trouve de grands conifères étonnants, des pins mais aussi des sapins qui ressemblent à des tamaris géants. Le restaurant est tout en bois, du sol au plafond, les tables parfaitement dressées alors que le centre est absolument vide. Les meubles sont étonnants, du style lourd et tarabiscoté des années 30 germaniques, et surtout tellement inhabituel en continent africain ! Ma chambre est monacale, mais d’une propreté impeccable. Je vais pouvoir me laver et dormir.
En effet, pour la première fois depuis que je suis au Cameroun, je suis fatiguée. J’ai toujours plus ou moins des problèmes intestinaux. Mes jambes sont dévorées par des piqûres de moustique qui démangent sans arrêt. Je n’ai envie de rien d’autre que de me coucher en plein après-midi. Jusqu’à demain. Sans doute le contrecoup de la journée d’hier.
Dschang, le 28 mars
J’ai dormi de 15 heures hier après-midi jusqu’à ce matin 7 heures 30 ! Le sommeil peut chez moi s’éterniser lorsque j’en ai besoin. C’est une chance, et grâce à cette capacité à me régénérer je peux avoir une certaine endurance.
Me voilà donc ce matin toute fraîche et propre sur la terrasse de mon bungalow. J’ai tenté un bain dans la piscine pleine d’insectes et non chlorée, un peu à contrecœur, mais l’eau était si bonne que je me suis laissée faire.
Olivier vient de m’appeler de Cotonou. Il n’a pas reçu le virement que je lui ai fait parvenir depuis plus d’une semaine pour prendre le bus avec les marchandises jusqu’à Bamako. Voilà, ça c’est l’Afrique ! L’Afrique qui vous use à force de complications dans tout ce que l’on entreprend. Rien n’est jamais simple ici, et il faut faire preuve d’une incroyable persévérance et détermination pour arriver à quelque chose. La vie dans ces conditions est effroyablement difficile et décourageante. Ces difficultés se rajoutant aux difficultés économiques insurmontables de chacun, on en arrive à un quotidien infernal où il faut en permanence lutter contre les obstacles. Je crois que je l’ai déjà dit, mais la vie africaine est loin de correspondre au stéréotype qu’en ont les occidentaux, une vie de farniente au soleil, où la nature fournirait tout pour être heureux, où les relations entre les gens seraient faciles, où règnerait la décontraction. Non, ici les gens doivent s’activer bien plus encore que chez nous. Les africains dans la vie moderne connaissent un stress que nous ne supporterions pas. Ceci est pour moi une découverte.
Sylvain arrive ce matin avec deux heures de retard ! « Pas de problème, je suis là ! ». Ok Sylvain pas de problème ! Sylvain aussi est fatigué de sa journée d’avant-hier et de dormir dans des taudis. Son patron ne lui donne que très peu d’argent pour son hébergement et sa nourriture. Ce soir à Bafoussam, après trois jours de voyage, il n’a déjà plus rien. Pourtant j’ai payé la nuit d’hôtel de Nkongsamba, le soir de notre naufrage. Heureusement qu’au déjeuner de midi je surviens à ses besoins, sinon il resterait toute la journée sans manger.
Galère matinale habituelle dans un cyber dont les souris ne marchent pas, dont les ports USB sont hors service, qui refuse de joindre quoi que ce soit à un courrier mail, et dont les claviers sont si sales que je tape vraiment du bout des doigts. Je sors toujours de cette épreuve quasi quotidienne énervée et fatiguée de n’avoir pas pu faire mon boulot correctement. Quant à l’envoi de photos, je voudrais m’excuser auprès de mes lecteurs, mais cela est quasiment impossible d’ici, à moins de disposer d’une journée entière, de trouver miraculeusement une connexion à haut débit qui accepte de télécharger un logiciel de traitement des images. Les photos de ce blog seront donc malheureusement insérées pour la plupart après mon arrivée, à moins que Modeste ne puisse s’y remettre, car il a lui, une formule magique que je ne possède pas !
Nous nous rendons à Bafoussam, par une route qui sillonne à travers des collines cultivées dans une terre étonnamment rouge. Les habitations commencent à avoir ces toits coniques (en tôle aujourd’hui et autrefois en chaume), caractéristiques de l’ethnie bamilenke. C’est l’ethnie dominante de l’ouest camerounais, celle qui a encore aujourd’hui la plus grande culture traditionnelle. Dans chaque agglomération, ou quartier, règne une chefferie. Le chef est encore très respecté partout, bien que son pouvoir soit réduit à rendre la justice entre ses sujets sur des questions de droit civil : mariages, divorces, successions, etc. Le chef est polygame comme il se doit. Celui de Banjoun dont nous visitons la chefferie en a actuellement 30, casées dans des petits bâtiments ronds aux toits pointus à proximité de sa résidence royale !
La visite du musée de Banjoun est assez intéressante car les objets présentés sont magnifiques, quoique peu nombreux. La réserve du musée a été incendiée il y a deux ans de façon criminelle, et une grande partie du patrimoine a ainsi disparu. Décrire l’étrangeté de ces objets est difficile tant ils sont porteurs de symboles, de magie, de cultes compliqués qui échappent au simple touriste. Il faudrait vraiment être ethnologue pour y comprendre quelque chose. Mais nul besoin d’être scientifique pour admirer le travail de sculpture sur bois, de tissage avec des perles, de menuiseries revêtues de cauris, de vêtements faits d’écorce d’arbre et de plumes, etc.
Oui, la « magie noire » est toujours bien vivante en Afrique, même chez les personnes les plus occidentalisées, les plus cultivées. Cette culture est présente partout et se mêle aux mœurs modernes sans grande difficulté. C’est très curieux. On semble s’arranger ici de tout : le christianisme va de pair avec l’animisme et ne se font pas la guerre ; le désir d’occidentalisation et de modernisme côtoient celui du respect profond des traditions ; la foi et la superstition s’entendent bien ; les musulmans ne gênent personne et vivent en bonne entente avec les autres, etc.
Il faut dire aussi que le Cameroun a une spécificité culturelle importante. C’est une véritable mosaïque d’ethnies, de langues, et de cultures différentes. D’après mes informations on compterait 250 ethnies et 160 langues différentes dans le pays ! Un modèle de multiculturalisme comme on aimerait bien en voir plus souvent.
Bafoussam est une ville difficile qui grouille de monde. Les rues sont totalement défoncées. Y circuler fait penser à un circuit d’autos tamponneuses. La misère y est grande. L’anarchie totale : aucun nom de rue, aucune indication de direction, aucun panneau indiquant un sens interdit, etc. Sylvain ne la connaît pas bien, et comme la ville est construite sur des collines il est très difficile de s’y repérer. Nous errons ce qui me semble des heures pour trouver une banque avec un guichet de carte Visa, et pour retrouver le soir le chemin de mon hôtel. La fraîcheur des montagnes de Dschang est loin. Il fait à nouveau torride.
Je me sens lasse. C’est un sentiment que je connais bien en voyage. Il survient au bout d’un certain temps. Celui de ne plus avoir envie de regarder quoi que ce soit. D’avoir envie de ne plus bouger. D’être rassasiée de paysages et d’insolite. Rassasiée de misère aussi. Au bout d’un moment, quand on s’y est habitué et qu’elle n’a plus ce caractère pittoresque qu’elle sait revêtir aux yeux des occidentaux, la misère fatigue. On n’a plus envie de la voir. Tout cela dans le brouhaha infernal des villes dont les échoppes ressemblent à des taudis, d’où s’échappe une musique à très fort volume, et qui se veut dansante, gaie… Je ne trouve pas que cette gaieté siée à la ville ni à ses habitants. Elle n’est là que pour les étourdir. Sur les visages, il y a souvent une grande gravité, un air de souffrance et de résignation qui en dit long. Personne n’a envie vraiment de danser sur ce qu’il entend dans les rues de Bafoussam.
Je crois que ce soir encore je vais me coucher très tôt. Un coup de blues. Cela peut arriver, non ?
Me voilà donc ce matin toute fraîche et propre sur la terrasse de mon bungalow. J’ai tenté un bain dans la piscine pleine d’insectes et non chlorée, un peu à contrecœur, mais l’eau était si bonne que je me suis laissée faire.
Olivier vient de m’appeler de Cotonou. Il n’a pas reçu le virement que je lui ai fait parvenir depuis plus d’une semaine pour prendre le bus avec les marchandises jusqu’à Bamako. Voilà, ça c’est l’Afrique ! L’Afrique qui vous use à force de complications dans tout ce que l’on entreprend. Rien n’est jamais simple ici, et il faut faire preuve d’une incroyable persévérance et détermination pour arriver à quelque chose. La vie dans ces conditions est effroyablement difficile et décourageante. Ces difficultés se rajoutant aux difficultés économiques insurmontables de chacun, on en arrive à un quotidien infernal où il faut en permanence lutter contre les obstacles. Je crois que je l’ai déjà dit, mais la vie africaine est loin de correspondre au stéréotype qu’en ont les occidentaux, une vie de farniente au soleil, où la nature fournirait tout pour être heureux, où les relations entre les gens seraient faciles, où règnerait la décontraction. Non, ici les gens doivent s’activer bien plus encore que chez nous. Les africains dans la vie moderne connaissent un stress que nous ne supporterions pas. Ceci est pour moi une découverte.
Sylvain arrive ce matin avec deux heures de retard ! « Pas de problème, je suis là ! ». Ok Sylvain pas de problème ! Sylvain aussi est fatigué de sa journée d’avant-hier et de dormir dans des taudis. Son patron ne lui donne que très peu d’argent pour son hébergement et sa nourriture. Ce soir à Bafoussam, après trois jours de voyage, il n’a déjà plus rien. Pourtant j’ai payé la nuit d’hôtel de Nkongsamba, le soir de notre naufrage. Heureusement qu’au déjeuner de midi je surviens à ses besoins, sinon il resterait toute la journée sans manger.
Galère matinale habituelle dans un cyber dont les souris ne marchent pas, dont les ports USB sont hors service, qui refuse de joindre quoi que ce soit à un courrier mail, et dont les claviers sont si sales que je tape vraiment du bout des doigts. Je sors toujours de cette épreuve quasi quotidienne énervée et fatiguée de n’avoir pas pu faire mon boulot correctement. Quant à l’envoi de photos, je voudrais m’excuser auprès de mes lecteurs, mais cela est quasiment impossible d’ici, à moins de disposer d’une journée entière, de trouver miraculeusement une connexion à haut débit qui accepte de télécharger un logiciel de traitement des images. Les photos de ce blog seront donc malheureusement insérées pour la plupart après mon arrivée, à moins que Modeste ne puisse s’y remettre, car il a lui, une formule magique que je ne possède pas !
Nous nous rendons à Bafoussam, par une route qui sillonne à travers des collines cultivées dans une terre étonnamment rouge. Les habitations commencent à avoir ces toits coniques (en tôle aujourd’hui et autrefois en chaume), caractéristiques de l’ethnie bamilenke. C’est l’ethnie dominante de l’ouest camerounais, celle qui a encore aujourd’hui la plus grande culture traditionnelle. Dans chaque agglomération, ou quartier, règne une chefferie. Le chef est encore très respecté partout, bien que son pouvoir soit réduit à rendre la justice entre ses sujets sur des questions de droit civil : mariages, divorces, successions, etc. Le chef est polygame comme il se doit. Celui de Banjoun dont nous visitons la chefferie en a actuellement 30, casées dans des petits bâtiments ronds aux toits pointus à proximité de sa résidence royale !
La visite du musée de Banjoun est assez intéressante car les objets présentés sont magnifiques, quoique peu nombreux. La réserve du musée a été incendiée il y a deux ans de façon criminelle, et une grande partie du patrimoine a ainsi disparu. Décrire l’étrangeté de ces objets est difficile tant ils sont porteurs de symboles, de magie, de cultes compliqués qui échappent au simple touriste. Il faudrait vraiment être ethnologue pour y comprendre quelque chose. Mais nul besoin d’être scientifique pour admirer le travail de sculpture sur bois, de tissage avec des perles, de menuiseries revêtues de cauris, de vêtements faits d’écorce d’arbre et de plumes, etc.
Oui, la « magie noire » est toujours bien vivante en Afrique, même chez les personnes les plus occidentalisées, les plus cultivées. Cette culture est présente partout et se mêle aux mœurs modernes sans grande difficulté. C’est très curieux. On semble s’arranger ici de tout : le christianisme va de pair avec l’animisme et ne se font pas la guerre ; le désir d’occidentalisation et de modernisme côtoient celui du respect profond des traditions ; la foi et la superstition s’entendent bien ; les musulmans ne gênent personne et vivent en bonne entente avec les autres, etc.
Il faut dire aussi que le Cameroun a une spécificité culturelle importante. C’est une véritable mosaïque d’ethnies, de langues, et de cultures différentes. D’après mes informations on compterait 250 ethnies et 160 langues différentes dans le pays ! Un modèle de multiculturalisme comme on aimerait bien en voir plus souvent.
Bafoussam est une ville difficile qui grouille de monde. Les rues sont totalement défoncées. Y circuler fait penser à un circuit d’autos tamponneuses. La misère y est grande. L’anarchie totale : aucun nom de rue, aucune indication de direction, aucun panneau indiquant un sens interdit, etc. Sylvain ne la connaît pas bien, et comme la ville est construite sur des collines il est très difficile de s’y repérer. Nous errons ce qui me semble des heures pour trouver une banque avec un guichet de carte Visa, et pour retrouver le soir le chemin de mon hôtel. La fraîcheur des montagnes de Dschang est loin. Il fait à nouveau torride.
Je me sens lasse. C’est un sentiment que je connais bien en voyage. Il survient au bout d’un certain temps. Celui de ne plus avoir envie de regarder quoi que ce soit. D’avoir envie de ne plus bouger. D’être rassasiée de paysages et d’insolite. Rassasiée de misère aussi. Au bout d’un moment, quand on s’y est habitué et qu’elle n’a plus ce caractère pittoresque qu’elle sait revêtir aux yeux des occidentaux, la misère fatigue. On n’a plus envie de la voir. Tout cela dans le brouhaha infernal des villes dont les échoppes ressemblent à des taudis, d’où s’échappe une musique à très fort volume, et qui se veut dansante, gaie… Je ne trouve pas que cette gaieté siée à la ville ni à ses habitants. Elle n’est là que pour les étourdir. Sur les visages, il y a souvent une grande gravité, un air de souffrance et de résignation qui en dit long. Personne n’a envie vraiment de danser sur ce qu’il entend dans les rues de Bafoussam.
Je crois que ce soir encore je vais me coucher très tôt. Un coup de blues. Cela peut arriver, non ?
Foumbam, le 29 mars
Les jours se suivent et ne se ressemblent pas, heureusement. Le coup de blues est passé. Je sors en forme ce matin de ce petit bungalow rond, que l’on appelle un boukarou, surmonté d’un toit pointu argenté, à l’intérieur d’un luxuriant jardin tropical.
Il ne faut cependant pas croire que je m’offre des palaces ! Certes, pour un camerounais, mes chambres à 20 ou 25 euros, seraient inaccessibles, et je choisis des hébergements haut de gamme quand je suis en province. Mais, ce haut de gamme là, reste pour nous basique. En fait, les décors sont en général très beaux, les architectures des bâtiments intéressantes et recherchées, les jardins et l’environnement souvent magnifiques, mais il ne faut pas se montrer plus exigeant. Les draps sont souvent douteux. Les lumières glauques. Les meubles très anciens. Les robinetteries tiennent rarement bien aux sanitaires. Les toilettes fuient ou sont très entartrées. Etc. Ce qui est surtout frappant, c’est qu’en général dans ces lieux, qui ont sûrement eu leur heure de prestige, je suis absolument seule. J’arrive dans des hôtels fantomatiques, gardés par un vieil homme souvent, qui semble plutôt étonné de voir arriver quelqu’un. Les pièces sentent le renfermé et pour moi, on branche le réfrigérateur, l’électricité, que l’on tient en sommeil pendant de longues semaines sans clients. L’homme me demande ce que je veux manger, et se rend pour moi au marché, souvent très loin, s’enquérir de mes œufs et des tomates de mon dîner. Tout cela me plaît et a un charme indéniable. Je m’arrange sans problème des inconvénients, car je dispose de tout un arsenal de défense contre l’inconfort, mon arsenal de routarde désormais bien rôdé : draps de soie, oreiller ergonomique compressible, serviette en nid-d’abeille, lingettes de toutes sortes, torche frontale, etc.
Ici à Foubam, d’où j’écris ce soir, ma chambre est particulièrement monacale et spartiate, mais l’hôtel est beau : une énorme bâtisse en pierre devancée d’une terrasse qui donne dans un jardin à la française bien dessiné, mais où ne pousse rien ! Les balcons en arc de cercle et les toits tarabiscotés revêtus de céramique donnent à l’ensemble un air un peu mauresque.
C’est qu’effectivement cette région commence à avoir un air arabisant. C’est une région à dominance musulmane, qui a subi une influence soudanienne pendant plusieurs siècles. Sur la route qui conduit à Foumbam, le paysage change. La végétation commence à être moins luxuriante, plus rare. On voit des pins et des cocotiers prendre le pas sur les bananiers. Des plaines d’herbe sèche s’étendent sous le soleil. Il y a comme un air de Méditerranée, quelque chose du Maghreb.
La visite du musée du Palais des sultans bamouns est passionnante. Les bamouns représentent une dynastie qui existe depuis le 14ème siècle et qui est toujours bien vivante, le roi actuel étant toujours un descendant de la lignée. Celui qui a le plus marqué l’histoire est le roi Njoya, qui a régné jusqu’en 1931. Barbare, certes il l’était : autoritaire, mégalomane et grand amateur de femmes, puisqu’il en eut 681, et qu’il ne trouva jamais la femme idéale à laquelle il a consacré un livre ! Mais ce roi était étonnamment intelligent, puisqu’il inventa une écriture, très belle d’ailleurs, ainsi qu’un calendrier et une religion où se mêlent l’islam, le christianisme, et l’animisme. Ce sont les français qui l’ont exilé en 1923, interdisant la pratique de cette écriture pour scolariser les enfants et imposer leur culture. L’écriture a désormais disparu. Quel gâchis !
Dans cette dynastie, on compte aussi deux femmes. L’une qui régna 43 ans, fut destituée de son trône parce qu’elle avait une liaison amoureuse avec un homme sans rang, pour lequel elle quittait son palais la nuit, et arrivait donc en retard aux rendez-vous du matin ! L’autre détient le record de la reine la plus rapide du monde, puisqu’elle ne fut à son poste que 30 minutes ! Plus question de faire confiance à une femme qui risque de tomber amoureuse de n’importe qui !
Enfin, il y eut aussi dans cette lignée de rois, un géant féroce dont la devise était lors de son intronisation : « il n’existe aucun territoire décidé par la parole ». C’était un géant : il mesurait 2,60 mètres, comme en attestent les objets lui appartenant conservés au musée : sa lance, sa cloche pour motiver les combattants, etc. Il fit passer le territoire bamoun de 500 km2 à 7500 km2.
Sylvain, très heureux que je l’invite à la visite, écoute toutes ces histoires avec une attention incroyable et pousse des cris d’exclamation à chaque explication du guide ! Sylvain n’a probablement jamais visité un musée. Il s’en souviendra longtemps m’a-t-il dit !
Le palais, que l’on ne peut pas visiter complètement, est une énorme bâtisse, mélange de demeure orientale et de château médiéval, dont Njoya avait conçu les plans. On entrevoit cependant lors de la visite la salle étonnante dans laquelle le roi actuel continue de donner ses audiences. D’énormes piliers, des arches semblables à celles des mosquées, et des escaliers de bois qui courent le long des murs. Cela ne ressemble à rien de connu et fait froid dans le dos !
Le musée est très bien commenté par un guide qui explique les symboles de la royauté, les objets étonnants comme les chasse-mouches, les cloches, les coiffes traditionnelles, les masques de danse, les cornes à boire, les calebasses ornées des mâchoires des ennemis. Ces objets sont vivants, puisqu’ils sont toujours utilisés lors des cérémonies royales. On les sort alors de leurs vitrines ! Le roi actuel, Ibrahim Mbombo Njoya, a été reçu par Jacques Chirac, et a passé une partie de sa vie au service de l’Etat comme diplomate et haut fonctionnaire. Son pouvoir et son influence y compris au plan international, sont toujours d’actualité.
Voilà, chers lecteurs, c’était le quart d’heure culturel de ce blog !
Je finirai par les images très belles du marché du samedi qui se tient entre le palais et la mosquée centrale. Les femmes ne sont pas souvent voilées mais ne portent pas les mêmes tenues que dans le reste du Cameroun. Les couleurs de leurs robes se mêlant à celles des bassines et des tongs en plastique, des tomates et du piment étalés sur des nattes, des régimes de bananes vertes, sont magnifiques. L’atmosphère est plus proche de celle des marchés arabes que camerounais. Le Tchad n’est qu’à quelques centaines de kilomètres d’ici.
La province de l’extrême nord camerounais s’étend vers le Tchad pour rejoindre presque N’Djamena. On dit cette province très belle, couverte de savane d’abord et devenant progressivement désertique. Malheureusement le temps m’est compté et je ne pourrai pas m’y rendre. Demain, nous amorçons notre retour sur Limbé, puis sur Douala, pour prendre lundi soir mon vol de retour sur Cotonou. Prince, Modeste et Olivier m’y attendent pour de nouvelles aventures !
Il ne faut cependant pas croire que je m’offre des palaces ! Certes, pour un camerounais, mes chambres à 20 ou 25 euros, seraient inaccessibles, et je choisis des hébergements haut de gamme quand je suis en province. Mais, ce haut de gamme là, reste pour nous basique. En fait, les décors sont en général très beaux, les architectures des bâtiments intéressantes et recherchées, les jardins et l’environnement souvent magnifiques, mais il ne faut pas se montrer plus exigeant. Les draps sont souvent douteux. Les lumières glauques. Les meubles très anciens. Les robinetteries tiennent rarement bien aux sanitaires. Les toilettes fuient ou sont très entartrées. Etc. Ce qui est surtout frappant, c’est qu’en général dans ces lieux, qui ont sûrement eu leur heure de prestige, je suis absolument seule. J’arrive dans des hôtels fantomatiques, gardés par un vieil homme souvent, qui semble plutôt étonné de voir arriver quelqu’un. Les pièces sentent le renfermé et pour moi, on branche le réfrigérateur, l’électricité, que l’on tient en sommeil pendant de longues semaines sans clients. L’homme me demande ce que je veux manger, et se rend pour moi au marché, souvent très loin, s’enquérir de mes œufs et des tomates de mon dîner. Tout cela me plaît et a un charme indéniable. Je m’arrange sans problème des inconvénients, car je dispose de tout un arsenal de défense contre l’inconfort, mon arsenal de routarde désormais bien rôdé : draps de soie, oreiller ergonomique compressible, serviette en nid-d’abeille, lingettes de toutes sortes, torche frontale, etc.
Ici à Foubam, d’où j’écris ce soir, ma chambre est particulièrement monacale et spartiate, mais l’hôtel est beau : une énorme bâtisse en pierre devancée d’une terrasse qui donne dans un jardin à la française bien dessiné, mais où ne pousse rien ! Les balcons en arc de cercle et les toits tarabiscotés revêtus de céramique donnent à l’ensemble un air un peu mauresque.
C’est qu’effectivement cette région commence à avoir un air arabisant. C’est une région à dominance musulmane, qui a subi une influence soudanienne pendant plusieurs siècles. Sur la route qui conduit à Foumbam, le paysage change. La végétation commence à être moins luxuriante, plus rare. On voit des pins et des cocotiers prendre le pas sur les bananiers. Des plaines d’herbe sèche s’étendent sous le soleil. Il y a comme un air de Méditerranée, quelque chose du Maghreb.
La visite du musée du Palais des sultans bamouns est passionnante. Les bamouns représentent une dynastie qui existe depuis le 14ème siècle et qui est toujours bien vivante, le roi actuel étant toujours un descendant de la lignée. Celui qui a le plus marqué l’histoire est le roi Njoya, qui a régné jusqu’en 1931. Barbare, certes il l’était : autoritaire, mégalomane et grand amateur de femmes, puisqu’il en eut 681, et qu’il ne trouva jamais la femme idéale à laquelle il a consacré un livre ! Mais ce roi était étonnamment intelligent, puisqu’il inventa une écriture, très belle d’ailleurs, ainsi qu’un calendrier et une religion où se mêlent l’islam, le christianisme, et l’animisme. Ce sont les français qui l’ont exilé en 1923, interdisant la pratique de cette écriture pour scolariser les enfants et imposer leur culture. L’écriture a désormais disparu. Quel gâchis !
Dans cette dynastie, on compte aussi deux femmes. L’une qui régna 43 ans, fut destituée de son trône parce qu’elle avait une liaison amoureuse avec un homme sans rang, pour lequel elle quittait son palais la nuit, et arrivait donc en retard aux rendez-vous du matin ! L’autre détient le record de la reine la plus rapide du monde, puisqu’elle ne fut à son poste que 30 minutes ! Plus question de faire confiance à une femme qui risque de tomber amoureuse de n’importe qui !
Enfin, il y eut aussi dans cette lignée de rois, un géant féroce dont la devise était lors de son intronisation : « il n’existe aucun territoire décidé par la parole ». C’était un géant : il mesurait 2,60 mètres, comme en attestent les objets lui appartenant conservés au musée : sa lance, sa cloche pour motiver les combattants, etc. Il fit passer le territoire bamoun de 500 km2 à 7500 km2.
Sylvain, très heureux que je l’invite à la visite, écoute toutes ces histoires avec une attention incroyable et pousse des cris d’exclamation à chaque explication du guide ! Sylvain n’a probablement jamais visité un musée. Il s’en souviendra longtemps m’a-t-il dit !
Le palais, que l’on ne peut pas visiter complètement, est une énorme bâtisse, mélange de demeure orientale et de château médiéval, dont Njoya avait conçu les plans. On entrevoit cependant lors de la visite la salle étonnante dans laquelle le roi actuel continue de donner ses audiences. D’énormes piliers, des arches semblables à celles des mosquées, et des escaliers de bois qui courent le long des murs. Cela ne ressemble à rien de connu et fait froid dans le dos !
Le musée est très bien commenté par un guide qui explique les symboles de la royauté, les objets étonnants comme les chasse-mouches, les cloches, les coiffes traditionnelles, les masques de danse, les cornes à boire, les calebasses ornées des mâchoires des ennemis. Ces objets sont vivants, puisqu’ils sont toujours utilisés lors des cérémonies royales. On les sort alors de leurs vitrines ! Le roi actuel, Ibrahim Mbombo Njoya, a été reçu par Jacques Chirac, et a passé une partie de sa vie au service de l’Etat comme diplomate et haut fonctionnaire. Son pouvoir et son influence y compris au plan international, sont toujours d’actualité.
Voilà, chers lecteurs, c’était le quart d’heure culturel de ce blog !
Je finirai par les images très belles du marché du samedi qui se tient entre le palais et la mosquée centrale. Les femmes ne sont pas souvent voilées mais ne portent pas les mêmes tenues que dans le reste du Cameroun. Les couleurs de leurs robes se mêlant à celles des bassines et des tongs en plastique, des tomates et du piment étalés sur des nattes, des régimes de bananes vertes, sont magnifiques. L’atmosphère est plus proche de celle des marchés arabes que camerounais. Le Tchad n’est qu’à quelques centaines de kilomètres d’ici.
La province de l’extrême nord camerounais s’étend vers le Tchad pour rejoindre presque N’Djamena. On dit cette province très belle, couverte de savane d’abord et devenant progressivement désertique. Malheureusement le temps m’est compté et je ne pourrai pas m’y rendre. Demain, nous amorçons notre retour sur Limbé, puis sur Douala, pour prendre lundi soir mon vol de retour sur Cotonou. Prince, Modeste et Olivier m’y attendent pour de nouvelles aventures !
Limbé, le 30 mars
La nuit m’a fait penser à « Voyage au bout de la Nuit » ! Moustiques horribles. Plus j’en tue, armée de mes tongs qui ne sont guère efficaces pour cet usage, plus il en revient. Dès 19 heures, l’hôtel est plongé dans l’obscurité totale. « Une petite baisse de tension » me dira l’hôtelier ! On dresse ma table dans un couloir qui grouille de cafards énormes, y compris autour de mon pain. Et même si l’omelette est bonne, je la mange du bout des lèvres. Deux hommes armés de torches me conduisent à ma chambre, en étage au bout d’un long couloir. Je m’enroule dans mon sac de couchage en soie et tente vainement pendant de longues heures de trouver le sommeil, alors que des voix hurlantes d’hommes qui se disputent parviennent jusqu’à moi, et que l’orage de la nuit, tout proche ce soir, remplit ma chambre d’éclairs bleuâtres à grands fracassements de tonnerre.
Le matin est bienvenu ! Le lavabo rempli d’une eau rouge qui ne s’écoule pas me dissuade d’entrer dans la salle de bains, et il me faut attendre une heure trente pour que le staff de l’hôtel me trouve un peu de Nescafé !
Bon, oublions !
La route est très très longue de Foumbam à Limbé, sur une distance de 20 km. Il nous faudra 10 heures de trajet avec une halte à une chute d’eau où conduit une piste cahoteuse et chaotique, sur laquelle nous nous embourbons ! La chute est en pleine jungle, jolie mais envahie de moustiques, et après avoir vu celles d’Iguazu au Brésil et celles du Zambèze, j’ai du mal à m’émerveiller.
Pas grand-chose à dire de cette journée. Syvain et moi parlons très peu. C’est agréable. Agréable aussi de ne pas avoir peur à bord avec lui, et de vérifier à chaque instant sa prudence, sur ces routes où n’importe qui se permet n’importe quoi, où l’usage du clignotant est interdit, où doubler en plein virage n’effraie pas grand monde et où l’on assiste à un accident presque en direct tous les 100 km environ ! Minibus surchargés de passagers et de bagages, qui roulent à tombeau ouvert, et que l’on retrouve quelques kilomètres plus loin dans le fossé. Voiture folle qui s’écrase contre quelqu’un qui vient en sens inverse. Piétons, charrettes et motocyclistes, frôlés de quelques centimètres… Il y a pourtant vraiment de quoi avoir peur. Er si l’on court un danger réel en Afrique, c’est bien des dangers de la route qu’il faut parler. Non pas des coupeurs de route qui vous arrêtent et vous dépouillent, car il y a des barrages de police incessants, mais des automobilistes lambda qui ignorent tout des règles de circulation.
Arrivée en soirée à l’hôtel Atlantic Beach de Limbé. C’est un hôtel trois étoiles en bord de mer, avec piscine et restaurant terrasse sur l’eau. C’est vétuste mais charmant et finalement il ne manque rien au niveau confort. Je m’offre, une fois n’est pas coutume, une belle chambre climatisée avec vue sur la mer, et le service de la blanchisserie pour remettre mes affaires en ordre dans mes bagages avant le départ demain sur le Bénin.
Le matin est bienvenu ! Le lavabo rempli d’une eau rouge qui ne s’écoule pas me dissuade d’entrer dans la salle de bains, et il me faut attendre une heure trente pour que le staff de l’hôtel me trouve un peu de Nescafé !
Bon, oublions !
La route est très très longue de Foumbam à Limbé, sur une distance de 20 km. Il nous faudra 10 heures de trajet avec une halte à une chute d’eau où conduit une piste cahoteuse et chaotique, sur laquelle nous nous embourbons ! La chute est en pleine jungle, jolie mais envahie de moustiques, et après avoir vu celles d’Iguazu au Brésil et celles du Zambèze, j’ai du mal à m’émerveiller.
Pas grand-chose à dire de cette journée. Syvain et moi parlons très peu. C’est agréable. Agréable aussi de ne pas avoir peur à bord avec lui, et de vérifier à chaque instant sa prudence, sur ces routes où n’importe qui se permet n’importe quoi, où l’usage du clignotant est interdit, où doubler en plein virage n’effraie pas grand monde et où l’on assiste à un accident presque en direct tous les 100 km environ ! Minibus surchargés de passagers et de bagages, qui roulent à tombeau ouvert, et que l’on retrouve quelques kilomètres plus loin dans le fossé. Voiture folle qui s’écrase contre quelqu’un qui vient en sens inverse. Piétons, charrettes et motocyclistes, frôlés de quelques centimètres… Il y a pourtant vraiment de quoi avoir peur. Er si l’on court un danger réel en Afrique, c’est bien des dangers de la route qu’il faut parler. Non pas des coupeurs de route qui vous arrêtent et vous dépouillent, car il y a des barrages de police incessants, mais des automobilistes lambda qui ignorent tout des règles de circulation.
Arrivée en soirée à l’hôtel Atlantic Beach de Limbé. C’est un hôtel trois étoiles en bord de mer, avec piscine et restaurant terrasse sur l’eau. C’est vétuste mais charmant et finalement il ne manque rien au niveau confort. Je m’offre, une fois n’est pas coutume, une belle chambre climatisée avec vue sur la mer, et le service de la blanchisserie pour remettre mes affaires en ordre dans mes bagages avant le départ demain sur le Bénin.
Douala, le 31 mars
Quel dommage ! Il pleut des cordes ce matin. Non seulement je ne pourrai pas profiter de la piscine ni de la mer, mais le linge que j’ai donné à laver hier risque de m’être restitué mouillé.
C’est la fin de mon voyage au Cameroun. Un pays que j’aurai beaucoup apprécié au niveau des paysages tout en regrettant de ne pas avoir pu en profiter davantage. Les distances sont énormes et je n’ai eu le loisir que de voir 2 provinces sur 10.
Un pays où j’aurai découvert un monde libre en apparence, mais dans lequel traînent en prison des centaines de jeunes, émeutiers de février, dont de nombreux enfants. Des jeunes qui se seront révoltés contre ce qui est révoltant : un pays riche, dont le PIB connaît une progression de plus de 3% par an, et qui ne distribue rien à son peuple, des niveaux de prix souvent effrayants et rendant le quotidien impossible à la très grande majorité, une corruption qui gangrène tout, un taux de chômage effrayant, et une police omniprésente mais totalement inefficace à faire respecter les lois.
Le Rallye des mots s’est passé moyennement. L’élection du nouveau bureau est une victoire, mais il y aurait beaucoup à faire encore pour que ce bureau se mette en place, en particulier beaucoup de travail institutionnel qui n’a pas pu être effectué. Il faut faire confiance à la nouvelle équipe mais se donner les moyens de la suivre de près pour l’aider. J’espère que le jumelage va pouvoir se mettre en place et assurer ce rôle de tutelle qui serait nécessaire du moins dans les premiers temps.
A 22 heures 45 mon avion décolle pour Cotonou. Il y a maintenant presque deux mois que je suis partie. A part quelques moments de lassitude qui ne m’effraient pas, je suis prête à continuer, toujours excitée à l’idée de découvrir de nouveaux territoires : le nord du Bénin et le pays samba, le Burkina Faso et surtout le Mali où je rêve de me rendre depuis longtemps.
C’est la fin de mon voyage au Cameroun. Un pays que j’aurai beaucoup apprécié au niveau des paysages tout en regrettant de ne pas avoir pu en profiter davantage. Les distances sont énormes et je n’ai eu le loisir que de voir 2 provinces sur 10.
Un pays où j’aurai découvert un monde libre en apparence, mais dans lequel traînent en prison des centaines de jeunes, émeutiers de février, dont de nombreux enfants. Des jeunes qui se seront révoltés contre ce qui est révoltant : un pays riche, dont le PIB connaît une progression de plus de 3% par an, et qui ne distribue rien à son peuple, des niveaux de prix souvent effrayants et rendant le quotidien impossible à la très grande majorité, une corruption qui gangrène tout, un taux de chômage effrayant, et une police omniprésente mais totalement inefficace à faire respecter les lois.
Le Rallye des mots s’est passé moyennement. L’élection du nouveau bureau est une victoire, mais il y aurait beaucoup à faire encore pour que ce bureau se mette en place, en particulier beaucoup de travail institutionnel qui n’a pas pu être effectué. Il faut faire confiance à la nouvelle équipe mais se donner les moyens de la suivre de près pour l’aider. J’espère que le jumelage va pouvoir se mettre en place et assurer ce rôle de tutelle qui serait nécessaire du moins dans les premiers temps.
A 22 heures 45 mon avion décolle pour Cotonou. Il y a maintenant presque deux mois que je suis partie. A part quelques moments de lassitude qui ne m’effraient pas, je suis prête à continuer, toujours excitée à l’idée de découvrir de nouveaux territoires : le nord du Bénin et le pays samba, le Burkina Faso et surtout le Mali où je rêve de me rendre depuis longtemps.