Je suis heureuse de quitter Cotonou ce matin. Prince, Modeste et Olivier nous accompagnent à Lomé, pour démarrer notre tournée togolaise.
Passage de frontière un peu laborieux, mais sans problèmes. Nous n’avons pris avec nous qu’une petite quantité de matériel, puisque la question de la légitimité d’une fédération togolaise n’est pas résolue. Cette question sera le cœur de notre activité ici. Il ne peut pas exister deux fédérations se réclamant du même pays, et il n’est pas question de légitimer d’office l’une plutôt que l’autre. Ceci veut dire qu’il n’y aura au Togo ni médiatisation, ni rencontres avec des ministères.
Plus précisément la situation est la suivante : La Fetosc a vécu comme fédération unique depuis longtemps mais, son Président, apparemment tout-puissant, a quitté le pays pour la République Centrafricaine, si bien que la fédération n’a plus jamais donné signe de vie à la FISF. Laissée à l’abandon, Carlos a repris récemment ses activités, et se trouve donc à la tête de 5 ou 6 clubs, qu’il finance de son argent personnel et qui fonctionnent. Dans la période de sommeil de la Fetosc, s’est créée parallèlement une nouvelle organisation, issue d’un club dynamique, la Togolaise des Mots, qui a entrepris de fédérer autour d’elle un certain nombre d’autres clubs, a déposé des statuts, est active en milieu scolaire et se revendique comme la nouvelle fédération togolaise. La Togolaise des Mots a préparé le Rallye très activement, tandis que la Fetosc ne s’est manifestée qu’en janvier !
Il va falloir faire admettre aux deux parties de se rapprocher, et de mettre en place pour la semaine prochaine une assemblée générale permettant la refondation d’une organisation unique.
Lomé m’apparaît tout de suite comme une ville beaucoup plus agréable que Cotonou. Elle est située au bord de la mer bordée d’une plage magnifique qui s’étend sur des centaines de kilomètres. Dans les rues, moins de circulation. L’essence utilisée ne dégage pas les vapeurs nauséabondes des véhicules béninois. Les arbres sont partout. Les magasins semblent plus modernes et plus sophistiqués. De nombreux restaurants ont des terrasses sur le trottoir. La ville est très animée mais cependant assez calme.
Nous sommes accueillis par notre ami Kekeli, et partons d’emblée voir un lycée dans lequel environ 160 élèves, issus d’établissements différents, jouent au Scrabble tous les jours entre midi et deux, sous la conduite d’un animateur de la Togolaise des Mots, ainsi que le week-end. La salle dans laquelle nous parvenons m’émeut beaucoup. Une bonne centaine de jeunes, à parfois 10 par table, sont concentrés au-dessus d’une seule grille dont les pions sont incomplets. Au tableau noir, l’animateur a dessiné deux tableaux à la craie : une grille d’arbitrage et une grille de jeu. On n’y voit pas grand-chose. Les tirages sont écrits au fur et à mesure sur le tableau noir. Tout le monde suit, en grand silence, respectant strictement le temps imparti. A l’annonce des beaux coups (un nonuple avec « hibernat ») des exclamations joyeuses fusent dans la salle.
Devant ce spectacle, nous décidons de remettre du matériel, quelques grilles murales, 14 jeux et deux dictionnaires. Cette dotation est remise au proviseur du lycée et non directement à la Togolaise des Mots. Petit discours de ma part, applaudi très chaleureusement, avec des cris de joie, quand je parle des 14 jeux !
Quel plaisir que de voir cela ! Je me rends compte que depuis le début de ce projet je n’ai pas vraiment encore reçu de gratifications de mon travail. J’ai comme l’impression que c’est la première fois. J’en suis très heureuse.
Après le déjeuner avec l’équipe de Kekeli, nous rencontrons Carlos, qui nous explique l’historique de la Fetosc et les difficultés de relations qu’il a avec la Togolaise des Mots. Pour apaiser les choses, je reconnais que les torts sont partagés dans cette affaire : la Fetosc ne donne plus signe de vie, la Togolaise s’instaure comme fédération légitime, et la FISF la cautionne pour le Rallye des Mots sans tenir compte de la fédération passée. Carlos dit vouloir la réunification du Scrabble togolais. Nous lui expliquons notre programme qu’il approuve : formation de formateurs pour tous les scrabbleurs qui désirent être animateurs scolaires, présence aux simultanés panafricains de la semaine prochaine, et assemblée générale de refondation d’une fédération togolaise, condition de la remise du matériel. Cela paraît lui convenir. Nous verrons la suite…
Nous sommes conduits ensuite dans la maison de la famille qui nous loge. C’est une maison spacieuse donnant sur un petit jardin décoré de kentias, celle où vit Nathalie, secrétaire de la Togolaise. Cette jeune femme tient une petite bibliothèque attenante à la maison, et a fait ses études de droit humanitaire international en région parisienne. Ils sont 7 enfants, tous très instruits, et vivent modestement mais dans un certain confort : machine à laver, congélateur. Le père était un grand reporter connu à RFI. La mère était enseignante.
Les conditions de notre hébergement sont sommaires (salle de bains à la bougie sans eau courante, chambres non ventilées), mais tout à fait acceptables, et la gentillesse des gens donne vraiment du baume au cœur. Nous sommes là pour deux nuits avant d’aller nous balader dans les campagnes togolaises.
Claude est malade et reste au lit ce soir, tandis que j’invite à dîner toute la ribambelle que nous sommes. Les rues de Lomé en ce samedi soir sont pleines de jeunes et de musique. La dorade braisée est délicieuse. Mais la journée a été longue et tout le monde est fatigué assez tôt.
Passage de frontière un peu laborieux, mais sans problèmes. Nous n’avons pris avec nous qu’une petite quantité de matériel, puisque la question de la légitimité d’une fédération togolaise n’est pas résolue. Cette question sera le cœur de notre activité ici. Il ne peut pas exister deux fédérations se réclamant du même pays, et il n’est pas question de légitimer d’office l’une plutôt que l’autre. Ceci veut dire qu’il n’y aura au Togo ni médiatisation, ni rencontres avec des ministères.
Plus précisément la situation est la suivante : La Fetosc a vécu comme fédération unique depuis longtemps mais, son Président, apparemment tout-puissant, a quitté le pays pour la République Centrafricaine, si bien que la fédération n’a plus jamais donné signe de vie à la FISF. Laissée à l’abandon, Carlos a repris récemment ses activités, et se trouve donc à la tête de 5 ou 6 clubs, qu’il finance de son argent personnel et qui fonctionnent. Dans la période de sommeil de la Fetosc, s’est créée parallèlement une nouvelle organisation, issue d’un club dynamique, la Togolaise des Mots, qui a entrepris de fédérer autour d’elle un certain nombre d’autres clubs, a déposé des statuts, est active en milieu scolaire et se revendique comme la nouvelle fédération togolaise. La Togolaise des Mots a préparé le Rallye très activement, tandis que la Fetosc ne s’est manifestée qu’en janvier !
Il va falloir faire admettre aux deux parties de se rapprocher, et de mettre en place pour la semaine prochaine une assemblée générale permettant la refondation d’une organisation unique.
Lomé m’apparaît tout de suite comme une ville beaucoup plus agréable que Cotonou. Elle est située au bord de la mer bordée d’une plage magnifique qui s’étend sur des centaines de kilomètres. Dans les rues, moins de circulation. L’essence utilisée ne dégage pas les vapeurs nauséabondes des véhicules béninois. Les arbres sont partout. Les magasins semblent plus modernes et plus sophistiqués. De nombreux restaurants ont des terrasses sur le trottoir. La ville est très animée mais cependant assez calme.
Nous sommes accueillis par notre ami Kekeli, et partons d’emblée voir un lycée dans lequel environ 160 élèves, issus d’établissements différents, jouent au Scrabble tous les jours entre midi et deux, sous la conduite d’un animateur de la Togolaise des Mots, ainsi que le week-end. La salle dans laquelle nous parvenons m’émeut beaucoup. Une bonne centaine de jeunes, à parfois 10 par table, sont concentrés au-dessus d’une seule grille dont les pions sont incomplets. Au tableau noir, l’animateur a dessiné deux tableaux à la craie : une grille d’arbitrage et une grille de jeu. On n’y voit pas grand-chose. Les tirages sont écrits au fur et à mesure sur le tableau noir. Tout le monde suit, en grand silence, respectant strictement le temps imparti. A l’annonce des beaux coups (un nonuple avec « hibernat ») des exclamations joyeuses fusent dans la salle.
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Devant ce spectacle, nous décidons de remettre du matériel, quelques grilles murales, 14 jeux et deux dictionnaires. Cette dotation est remise au proviseur du lycée et non directement à la Togolaise des Mots. Petit discours de ma part, applaudi très chaleureusement, avec des cris de joie, quand je parle des 14 jeux !
Quel plaisir que de voir cela ! Je me rends compte que depuis le début de ce projet je n’ai pas vraiment encore reçu de gratifications de mon travail. J’ai comme l’impression que c’est la première fois. J’en suis très heureuse.
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Après le déjeuner avec l’équipe de Kekeli, nous rencontrons Carlos, qui nous explique l’historique de la Fetosc et les difficultés de relations qu’il a avec la Togolaise des Mots. Pour apaiser les choses, je reconnais que les torts sont partagés dans cette affaire : la Fetosc ne donne plus signe de vie, la Togolaise s’instaure comme fédération légitime, et la FISF la cautionne pour le Rallye des Mots sans tenir compte de la fédération passée. Carlos dit vouloir la réunification du Scrabble togolais. Nous lui expliquons notre programme qu’il approuve : formation de formateurs pour tous les scrabbleurs qui désirent être animateurs scolaires, présence aux simultanés panafricains de la semaine prochaine, et assemblée générale de refondation d’une fédération togolaise, condition de la remise du matériel. Cela paraît lui convenir. Nous verrons la suite…
Nous sommes conduits ensuite dans la maison de la famille qui nous loge. C’est une maison spacieuse donnant sur un petit jardin décoré de kentias, celle où vit Nathalie, secrétaire de la Togolaise. Cette jeune femme tient une petite bibliothèque attenante à la maison, et a fait ses études de droit humanitaire international en région parisienne. Ils sont 7 enfants, tous très instruits, et vivent modestement mais dans un certain confort : machine à laver, congélateur. Le père était un grand reporter connu à RFI. La mère était enseignante.
Les conditions de notre hébergement sont sommaires (salle de bains à la bougie sans eau courante, chambres non ventilées), mais tout à fait acceptables, et la gentillesse des gens donne vraiment du baume au cœur. Nous sommes là pour deux nuits avant d’aller nous balader dans les campagnes togolaises.
Claude est malade et reste au lit ce soir, tandis que j’invite à dîner toute la ribambelle que nous sommes. Les rues de Lomé en ce samedi soir sont pleines de jeunes et de musique. La dorade braisée est délicieuse. Mais la journée a été longue et tout le monde est fatigué assez tôt.