Encore 6 ou 7 heures de route, je ne sais plus très bien. La terre se désertifie et l’on sent bien que l’on s’approche du Sahel. Des petites mosquées bien proprettes trônent au milieu des villages, dont l’habitat en banco, terre cuite très rouge, se groupe en tout petites unités de 3 ou 4 maisonnettes, rondes aux toits de chaume le plus souvent, ceintes d’un paravent de paille ou de branchages. Au centre, la réserve de bois et parfois quelques poules, une chèvre ou un cochon. Autour, des enfants nombreux et nus, souvent très sales, qui nous saluent. Les premiers vrais baobabs font leur apparition. Nous sommes vraiment dans un autre Bénin.
Nous atteignons notre hôtel en milieu d’après-midi. J’ai choisi un hôtel avec piscine et chambre climatisée, car décrire la chaleur qu’il commence à faire maintenant que nous sommes dans le nord est mission impossible. L’air, la terre, tout brûle. Intuitivement je dirais qu’il fait presque 40°. Modeste et Prince se retrouvent donc chez les riches ! Un peu sur la pointe des pieds au début, mais très vite ils sont à l’aise. Ni l’un ni l’autre ne sait nager et ils jouent comme des petits enfants dans l’eau.
Le soir, dîner dans une de ces adresses incroyables, que seul le Guide du Routard est capable de dénicher ! Au sommet de l’une des collines qui entourent Natitingou, collines desséchées, désertiques, un « tata somba », fait bar restaurant. Un tata somba est un petit fortin de terre dans lequel vit traditionnellement la famille du peuple somba. Au rez-de-chaussée se trouve la cuisine dans laquelle on pénètre par une toute petite porte. Les ouvertures sont quasiment inexistantes et il règne une grande obscurité dans cette terre sombre. Un conduit phonique permet aux femmes qui vivent en bas de prévenir les hommes qui se tiennent au premier niveau sur la terrasse du fort quand un ennemi approche. On accède à ce premier niveau par un escalier taillé directement dans le bois, dont les marches ne permettent que de poser la pointe du pied. Tout autour de la terrasse, se trouvent les « chambres », dans des huttes rondes sans fenêtre surmontées d’un cône de chaume, où l’on ne peut pénétrer qu’accroupi et en marche arrière. De l’extérieur et de loin on ne voit aucun angle dans cette construction. Cela tient du fort en plastique qu’affectionnent les petits garçons, mais aussi de la termitière !
Au-dessus du fort, une autre terrasse permet de diner en plein air, avec un panorama sur la ville. Modeste et Prince se confient ce soir là, et le diner est plein d’émotions. Ils racontent leur enfance difficile, sans mère pour l’un comme pour l’autre, fruits de grossesses non désirées, les relations épouvantables avec les marâtres rejetantes, la faim quand on quitte la maison, les kilomètres qu’il faut faire à pied chaque jour pour se rendre à l’université. Ni l’un ni l’autre n’ont le souvenir d’avoir un jour reçu un cadeau d’anniversaire. Tous les deux sont adeptes du riz brûlé des fonds de casserole, nourriture qu’on leur réservait en dernier, après que les enfants légitimes aient été servis. Il y a des larmes dans l’air qu’on essuie furtivement dans l’obscurité de la nuit chaude.
Nous sommes très bien ensemble.
Nous partagerons la même chambre, eux deux dans un grand lit, moi dans un petit lit séparé. Je m’endors en pensant à mes petits-enfants, si chéris, si aimés. Je voudrais qu’ils sachent quelle est leur chance. C’est le message essentiel que j’ai à leur transmettre.
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Le soir, dîner dans une de ces adresses incroyables, que seul le Guide du Routard est capable de dénicher ! Au sommet de l’une des collines qui entourent Natitingou, collines desséchées, désertiques, un « tata somba », fait bar restaurant. Un tata somba est un petit fortin de terre dans lequel vit traditionnellement la famille du peuple somba. Au rez-de-chaussée se trouve la cuisine dans laquelle on pénètre par une toute petite porte. Les ouvertures sont quasiment inexistantes et il règne une grande obscurité dans cette terre sombre. Un conduit phonique permet aux femmes qui vivent en bas de prévenir les hommes qui se tiennent au premier niveau sur la terrasse du fort quand un ennemi approche. On accède à ce premier niveau par un escalier taillé directement dans le bois, dont les marches ne permettent que de poser la pointe du pied. Tout autour de la terrasse, se trouvent les « chambres », dans des huttes rondes sans fenêtre surmontées d’un cône de chaume, où l’on ne peut pénétrer qu’accroupi et en marche arrière. De l’extérieur et de loin on ne voit aucun angle dans cette construction. Cela tient du fort en plastique qu’affectionnent les petits garçons, mais aussi de la termitière !
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Au-dessus du fort, une autre terrasse permet de diner en plein air, avec un panorama sur la ville. Modeste et Prince se confient ce soir là, et le diner est plein d’émotions. Ils racontent leur enfance difficile, sans mère pour l’un comme pour l’autre, fruits de grossesses non désirées, les relations épouvantables avec les marâtres rejetantes, la faim quand on quitte la maison, les kilomètres qu’il faut faire à pied chaque jour pour se rendre à l’université. Ni l’un ni l’autre n’ont le souvenir d’avoir un jour reçu un cadeau d’anniversaire. Tous les deux sont adeptes du riz brûlé des fonds de casserole, nourriture qu’on leur réservait en dernier, après que les enfants légitimes aient été servis. Il y a des larmes dans l’air qu’on essuie furtivement dans l’obscurité de la nuit chaude.
Nous sommes très bien ensemble.
Nous partagerons la même chambre, eux deux dans un grand lit, moi dans un petit lit séparé. Je m’endors en pensant à mes petits-enfants, si chéris, si aimés. Je voudrais qu’ils sachent quelle est leur chance. C’est le message essentiel que j’ai à leur transmettre.