Le voyage en bus jusqu’à Yaoundé est très rigolo ! Le bus ne part pas à une heure précise, si bien que personne ne semble stressé. Il ne démarre qu’une fois plein. La gare routière est envahie de monde qui attend et de petits marchands ambulants qui vendent tout et n’importe quoi. Le voyage dure plus de trois heures, à vive allure, toutes fenêtres ouvertes car ce n’est pas climatisé. Nous sommes une équipe d’une dizaine de scrabbleurs et la majorité continue de porter leurs t-shirts Orange. Une véritable équipe sportive reconnue en tant que telle sur son passage !
Cet esprit d’équipe est très fort ici, et je crois qu’il n’est pas étranger à la victoire du Sénégal aux championnats du monde. C’est une véritable force que les Africains ont en eux. L’esprit de compétition aussi est remarquable. En début de tournoi les meilleurs joueurs affirment tout haut « Je vais gagner ! ». Les parties libres sont observées avec beaucoup d’enthousiasme de la part des spectateurs, qui soutiennent l’un ou l’autre des joueurs, s’exclament dès que l’un d’eux réussit un joli coup, se moquent de ceux qui ratent quelque chose. Ici pas de fausse pudeur ou de fausse modestie. On joue pour gagner. On n’est pas dans un match de foot, mais ce n’est pas loin ! Je prédis qu’à Dakar l’ambiance sera extrêmement chaude ! Dans tous les sens du terme d’ailleurs...
Pendant presque tout le trajet l’équipe fait des tirages à partir de Vocabble grâce à mon ordi. Le logiciel est programmé sur les nouveaux mots ODS 5, et tout le monde cherche passionnément et avec beaucoup de concentration. Pour ma part, après quelques minutes de ce petit jeu, j’abandonne pour me plonger dans la contemplation du paysage qui n’intéresse personne.
C’est un paysage très vallonné, couvert de forêt équatoriale magnifique. Malheureusement, en maints endroits des coupes l’ont dévasté et la nature offre aux regards d’horribles cicatrices. Mais il faut comprendre, n’est-ce pas, que les peuples n’aient pas grand souci de l’écologie quand ils n’ont que la nature à se mettre sous la dent, quand il n’y a pas d’autres moyens de gagner sa vie.
Les maisons dans les villages sont ici très différentes. Il n’y a que très peu de béton et la grande majorité des constructions est réalisée en planches de bois. C’est que du bois, effectivement il n’en manque pas. Les arbres sont étonnants, très hauts et leurs troncs couverts de lianes. A travers ma fenêtre, je rêve d’aller me balader dans cette végétation si dense et où chaque plante est pour nous étonnante.
A chaque halte nous sommes assaillis par des vendeurs ambulants qui courent après le bus pour nous ravitailler : manioc dans des feuilles, brochettes, chips de plantain, eau et sodas, etc. Il est bien noté dans le bus qu’il est interdit d’y manger, mais une vendeuse de sandwichs parcourt sans problèmes le couloir central et beaucoup de passagers achètent.
Le plus drôle du voyage sera ce bonimenteur de plantes médicinales qui vient faire son show dans le couloir central pendant plus d’une demi heure ! Ses produits miracle soignent tout : des troubles de l’érection au cholestérol, des hémorroïdes externes aux règles douloureuses, de l’énurésie nocturne à la mauvaise haleine, des vers intestinaux au paludisme ! Il décrit à grands gestes les détails de chaque maladie, et ses explications sur les maladies du rectum sont particulièrement croustillantes ! L’attention des passagers est soutenue, mais il ne vendra que très peu le pauvre. A mon avis, les 3 acheteurs du bus étaient d’ailleurs des complices !
Nous parvenons ainsi à Yaoundé en début d’après-midi. La ville est très différente de tout ce que j’ai vu jusque là, car elle est construite sur 7 collines et que l’on a pris soin de conserver de la végétation entre les maisons. Ce sont ainsi des milliers de petites constructions qui s’étagent sur les contreforts, remplissent les vallées, et entre lesquelles continuent de pousser des arbres en particulier des bananiers. Le centre-ville est très moderne, avec des immeubles en bon état. La voirie n’a plus rien à voir avec celle de Douala, dans le centre du moins. De nombreuses boutiques qui vendent toutes sortes de produits donnent l’impression d’une ville bien achalandée où l’on peut trouver de tout.
Une bonne nouvelle m’attend dès l’arrivée du bus. Olivier a réussi à récupérer la deuxième cargaison de matériel à Douala et est prêt à l’envoyer par fret aérien. Il faut de toute urgence envoyer de l’argent par Western Union, ce qui n’est pas simple. Les banques ferment à 15 heures et les distributeurs automatiques ne délivrent pas une somme suffisante. Nous parvenons avec un taxi à régler le problème en nous déplaçant à toute vitesse à droite à gauche, et le matériel des camerounais arrivera jeudi à Douala ! Pour moi, une véritable victoire, et un soulagement. Ouf ! Un pays de plus !
Dès que la chaleur de la journée est passée, la fraîcheur tombe et c’est un véritable bonheur ! Je passe chez Mamounia, mon hôte, la première nuit où ma peau n’est pas moite, depuis maintenant un mois et demi. J’ai presque la tentation de dormir avec un t-shirt et je ne supporterai pas le ventilateur ! C’est qu’ainsi tout change : l’énergie que l’on a à agir, l’état général toute la journée, le moral aussi.
La maison de Mamounia, une des seules scrabbleuses de compétition camerounaises, est située en périphérie de Yaoundé, sur le sommet d’une colline d’où le panorama est superbe. C’est une vaste maison confortable, malgré les problèmes d’électricité qui affectent le quartier. Mais vivre avec des coupures ou des baisses de tension électrique, est moins inconfortable que de vivre sans eau comme à Douala ! Mamounia, fonctionnaire dans le ministère de la santé, a deux filles : une adorable poupée de 3 ans, appelée Camilla, incroyablement vive et intelligente, et une jeune fille de 18 ans avec laquelle les relations ne semblent pas simples. Une bonne partie de la soirée, alors que je suis dans ma chambre, la belle chambre des invités, j’entends Mamounia hurler contre elle : elle a caché son dernier bulletin car ses résultats n’étaient pas bons !
Pour mon arrivée, Mamounia et les autres femmes de la maison ont préparé un bon dîner, dont profiteront tous les scrabbleurs présents, une bonne dizaine. C’est ainsi en Afrique. S’il y a à manger tout le monde en profite ! Il y a dans la maison une terrasse et une cour aménagées comme un salon, si bien que dès que les scrabbleurs y arrivent ils sortent leur jeu, impatients ! Le virus du Scrabble a piqué ces jeunes Camerounais de façon sévère ! Moi, j’en profite pour prendre une douche bienfaisante. Je me sens bien.
Cet esprit d’équipe est très fort ici, et je crois qu’il n’est pas étranger à la victoire du Sénégal aux championnats du monde. C’est une véritable force que les Africains ont en eux. L’esprit de compétition aussi est remarquable. En début de tournoi les meilleurs joueurs affirment tout haut « Je vais gagner ! ». Les parties libres sont observées avec beaucoup d’enthousiasme de la part des spectateurs, qui soutiennent l’un ou l’autre des joueurs, s’exclament dès que l’un d’eux réussit un joli coup, se moquent de ceux qui ratent quelque chose. Ici pas de fausse pudeur ou de fausse modestie. On joue pour gagner. On n’est pas dans un match de foot, mais ce n’est pas loin ! Je prédis qu’à Dakar l’ambiance sera extrêmement chaude ! Dans tous les sens du terme d’ailleurs...
Pendant presque tout le trajet l’équipe fait des tirages à partir de Vocabble grâce à mon ordi. Le logiciel est programmé sur les nouveaux mots ODS 5, et tout le monde cherche passionnément et avec beaucoup de concentration. Pour ma part, après quelques minutes de ce petit jeu, j’abandonne pour me plonger dans la contemplation du paysage qui n’intéresse personne.
C’est un paysage très vallonné, couvert de forêt équatoriale magnifique. Malheureusement, en maints endroits des coupes l’ont dévasté et la nature offre aux regards d’horribles cicatrices. Mais il faut comprendre, n’est-ce pas, que les peuples n’aient pas grand souci de l’écologie quand ils n’ont que la nature à se mettre sous la dent, quand il n’y a pas d’autres moyens de gagner sa vie.
Les maisons dans les villages sont ici très différentes. Il n’y a que très peu de béton et la grande majorité des constructions est réalisée en planches de bois. C’est que du bois, effectivement il n’en manque pas. Les arbres sont étonnants, très hauts et leurs troncs couverts de lianes. A travers ma fenêtre, je rêve d’aller me balader dans cette végétation si dense et où chaque plante est pour nous étonnante.
A chaque halte nous sommes assaillis par des vendeurs ambulants qui courent après le bus pour nous ravitailler : manioc dans des feuilles, brochettes, chips de plantain, eau et sodas, etc. Il est bien noté dans le bus qu’il est interdit d’y manger, mais une vendeuse de sandwichs parcourt sans problèmes le couloir central et beaucoup de passagers achètent.
Le plus drôle du voyage sera ce bonimenteur de plantes médicinales qui vient faire son show dans le couloir central pendant plus d’une demi heure ! Ses produits miracle soignent tout : des troubles de l’érection au cholestérol, des hémorroïdes externes aux règles douloureuses, de l’énurésie nocturne à la mauvaise haleine, des vers intestinaux au paludisme ! Il décrit à grands gestes les détails de chaque maladie, et ses explications sur les maladies du rectum sont particulièrement croustillantes ! L’attention des passagers est soutenue, mais il ne vendra que très peu le pauvre. A mon avis, les 3 acheteurs du bus étaient d’ailleurs des complices !
Nous parvenons ainsi à Yaoundé en début d’après-midi. La ville est très différente de tout ce que j’ai vu jusque là, car elle est construite sur 7 collines et que l’on a pris soin de conserver de la végétation entre les maisons. Ce sont ainsi des milliers de petites constructions qui s’étagent sur les contreforts, remplissent les vallées, et entre lesquelles continuent de pousser des arbres en particulier des bananiers. Le centre-ville est très moderne, avec des immeubles en bon état. La voirie n’a plus rien à voir avec celle de Douala, dans le centre du moins. De nombreuses boutiques qui vendent toutes sortes de produits donnent l’impression d’une ville bien achalandée où l’on peut trouver de tout.
Une bonne nouvelle m’attend dès l’arrivée du bus. Olivier a réussi à récupérer la deuxième cargaison de matériel à Douala et est prêt à l’envoyer par fret aérien. Il faut de toute urgence envoyer de l’argent par Western Union, ce qui n’est pas simple. Les banques ferment à 15 heures et les distributeurs automatiques ne délivrent pas une somme suffisante. Nous parvenons avec un taxi à régler le problème en nous déplaçant à toute vitesse à droite à gauche, et le matériel des camerounais arrivera jeudi à Douala ! Pour moi, une véritable victoire, et un soulagement. Ouf ! Un pays de plus !
Dès que la chaleur de la journée est passée, la fraîcheur tombe et c’est un véritable bonheur ! Je passe chez Mamounia, mon hôte, la première nuit où ma peau n’est pas moite, depuis maintenant un mois et demi. J’ai presque la tentation de dormir avec un t-shirt et je ne supporterai pas le ventilateur ! C’est qu’ainsi tout change : l’énergie que l’on a à agir, l’état général toute la journée, le moral aussi.
La maison de Mamounia, une des seules scrabbleuses de compétition camerounaises, est située en périphérie de Yaoundé, sur le sommet d’une colline d’où le panorama est superbe. C’est une vaste maison confortable, malgré les problèmes d’électricité qui affectent le quartier. Mais vivre avec des coupures ou des baisses de tension électrique, est moins inconfortable que de vivre sans eau comme à Douala ! Mamounia, fonctionnaire dans le ministère de la santé, a deux filles : une adorable poupée de 3 ans, appelée Camilla, incroyablement vive et intelligente, et une jeune fille de 18 ans avec laquelle les relations ne semblent pas simples. Une bonne partie de la soirée, alors que je suis dans ma chambre, la belle chambre des invités, j’entends Mamounia hurler contre elle : elle a caché son dernier bulletin car ses résultats n’étaient pas bons !
Pour mon arrivée, Mamounia et les autres femmes de la maison ont préparé un bon dîner, dont profiteront tous les scrabbleurs présents, une bonne dizaine. C’est ainsi en Afrique. S’il y a à manger tout le monde en profite ! Il y a dans la maison une terrasse et une cour aménagées comme un salon, si bien que dès que les scrabbleurs y arrivent ils sortent leur jeu, impatients ! Le virus du Scrabble a piqué ces jeunes Camerounais de façon sévère ! Moi, j’en profite pour prendre une douche bienfaisante. Je me sens bien.