Non catégorisé
Commission internationale des jeunes (CIJ) - Scrabble® francophone
Composition de la CIJ
- Président :
- Benoit DELAFONTAINE (CH) - CA FISF
- Autres membres et fonction fédérale :
- Alexis ALLAGNAT (FR) - membre coopté CA FISF
- Olivier ASSINOU (BJ) - référent CA FISF
- Carnot ATINMANDEGANGNI (BJ) - délégué fédéral
- Massa COULIBALY (ML) - référent fédéral (à confirmer)
- Angèle COURTEAU (QC) - déléguée fédérale
- Sékou Oumar DIALLO (GN) - délégué fédéral
- Djibril DIENG (SN) - délégué fédéral
- Adrien Eliezer EDOUKOU (CI) - délégué fédéral
- Louis EGGERMONT (BE) - référent CA FISF
- Nathan GANOTA GAO (TD) - délégué fédéral
- Mohamed IDAHMAD (MA) - délégué fédéral
- Didier LEBER (BE) - délégué fédéral
- Quentin MALLEGOL (FR) - délégué fédéral
- Danièle MEKUATE (CM) - référente CA FISF
- Bernard MINET (BE) - délégué fédéral
- Garcia NDUNGA (LU) - délégué fédéral
- Paul Emmanuel NGOUAMA (CG) - délégué fédéral
- Oswaldo Darel MOUSSODOU PAMBOU (GA) - référent fédéral (à confirmer)
- Diane POULIOT (QC) - membre cooptée CA FISF
- Ouarda SARSAR (MA) - déléguée fédérale
- Roberto SEIXAS (CH), président de la commission suisse des jeunes.
- Ivan SEUNDJEU (CM) - délégué fédéral (à confirmer)
Rôle de la CIJ
À cette fin, elle développe des outils de support promotionnel et pédagogique comme Le Scrabble® pour les jeunes (réalisé avec la Commission des publications) ou a mis sur pied une Partie mondiale des jeunes, ainsi qu'une version du logiciel DupliTop au vocabulaire plus adapté au Scrabble® chez les scolaires.
Publications destinées aux jeunes
Résultats des parties mondiales des jeunes (format PDF)
- Printemps 2021 - 8 coups / Partie complète
- Automne 2019 - 8 coups / Partie complète
- Printemps 2019 - 8 coups / Partie complète
- Automne 2018 - 8 coups / Partie complète
- Printemps 2018 - 8 coups / Partie complète
- Résultats PMJ Automne 2017 - 8 coups / Partie complète
- Résultats PMJ Printemps 2017 - 8 coups / Partie complète
- Résultats PMJ Automne 2016 - 8 coups / Partie complète
- Résultats PMJ Printemps 2016 - 8 coups / Partie complète
- Résultats PMJ Automne 2015 - 8 coups / Partie complète
- Résultats PMJ Printemps 2015 - 8 coups / Partie complète
- Résultats PMJ Automne 2014 - 8 coups / Partie complète
- Résultats PMJ Printemps 2014 - 8 coups / Partie complète
- Résultats PMJ Automne 2013 - 8 coups / Partie complète
- Résultats PMJ Printemps 2013 - 8 coups / Partie complète
- Résultats PMJ Automne 2012 - 8 coups / Partie complète
- Résultats PMJ Printemps 2012 - 8 coups / Partie complète
- Résultats PMJ Automne 2011 - 12 coups / Partie complète
- Résultats PMJ Printemps 2011 - 12 coups / Partie complète
- Résultats PMJ Automne 2010 - 12 coups / Partie complète
Parties de Scrabble à rejouer (spéciales Scolaires)
Parties de Scrabble à rejouer (spéciales Scolaires)
Documents relatifs au séjour des jeunes lors des championnats du monde
Bobo Dioulasso, le 14 avril
C’est donc une longue matinée de farniente, de baignade et d’écriture que je m’offre, tandis que Modeste et Prince sont pour la troisième fois chez le mécanicien ! Décidemment, notre aventure sur les pistes de la Pendjari aura bien amoché la voiture. Il faut à nouveau démonter je ne sais quoi pour remonter je ne sais quoi. Je paierai les réparations car je suis complètement responsable de ne pas avoir voulu louer un 4X4 pour nous rendre dans le parc, et de n’avoir pas résisté aux dires de ceux qui nous assuraient que nous pouvions faire cette piste sans crainte avec la voiture.
Modeste, Prince et moi avons sagement dormi cette nuit dans la même chambre, eux enfouis sous les couvertures à cause de la clim, et moi sous le ventilateur à la recherche de vent frais. Nous vivons ensemble, mais pas tout à fait au même rythme, tant nos habitudes sont différentes. Le matin ils ne déjeunent pas alors que je me réjouis de mon café et de mon pain beurré. Le soir je dîne seule au restaurant de l’hôtel qui ne propose que de la cuisine européenne. Eux, préfèrent aller manger dans un « maquis » africain, là où ils sont assurés de trouver ce qui fait leur subsistance quotidienne : des féculents avec de la viande en sauce. Les magrets à la crème que propose la carte quasi normande de l’hôtel leur font faire une moue dégoûtée ! Les légumes et les salades que je recherche ne les intéressent pas vraiment. Ils se nourrissent essentiellement de ce qu’ils ont toujours connu : du riz, du maïs, du couscous, en sauce, épicée de préférence. Prince goûtera tout de même au verre de vin blanc que je m’offre le soir, et dira avec une grimace que c’est « délicieux » !
J’ai reçu ce matin un mail désagréable de quelqu’un qui déclare en avoir marre de lire ce blog, parce que je me plains sans cesse, mets en avant les insuffisances de mes interlocuteurs africains dans l’organisation du Rallye, et fais souvent des déclarations qui disent bien que je suis partie en Afrique pour prendre des vacances ! Je dois dire que c’est la première fois que je reçois un mail de cette teneur, mes lecteurs ayant au contraire la gentillesse de me dire qu’ils apprécient mes écrits parce qu’ils rendent compte d’une expérience vécue, avec ses hauts et ses bas, vivante donc, et qui m’encouragent à poursuivre. Il est vrai que ce blog n’est pas un compte rendu officiel de ma mission FISF en Afrique, et que je le conçois comme un journal de voyage personnel, outil dont j’ai besoin pour vivre cette expérience, et lieu où je me sens totalement libre d’exprimer mes états d’âme. Je rends compte par ailleurs, officiellement, et dans un autre lieu, de ma mission à la FISF. Mon compte rendu utilise alors d’autres termes. Alors que là je ne parle que de moi.
Même mes interlocuteurs africains, dont je signale les insuffisances, ne me reprochent pas de le faire, et comprennent le caractère personnel de ce journal. Ils savent que mon objectif, le seul, est que les choses avancent, et que cela passe par le constat des situations du moment. Ils savent aussi que je suis là pour apporter des ébauches de solutions aux problèmes qu’ils rencontrent : conseils, formation, aide concrète, et pas seulement en matériel. Enfin, ils apprécient, je crois, mon engagement à leurs côtés, mon implication quotidienne et ma persévérance. Les souffrances que j’exprime, les insatisfactions et les énervements qui sont les miens, le stress dans l’improvisation, ils les partagent au quotidien et les ressentent comme moi. Je l’ai dit : la situation est difficile pour tout le monde, et en priorité pour mes amis africains qui souffrent de ne pas parvenir à leurs objectifs alors que leur bonne volonté est totale.
Maintenant il est vrai que j’exprime souvent la souffrance que me procurent tous les dysfonctionnements que je rencontre. En ai-je le droit ? Ceux qui auront la bonne lecture de ces textes comprendront qu’il y a là un récit vivant de ce que produit le travail en commun avec des références culturelles différentes. Il faut vivre cela chaque jour pour réaliser à quel point nous appréhendons les réalités différemment, et ce que ces différences peuvent produire d’incompréhensions, de heurts, d’impossibilités.
Différemment, veut-il dire que l’un a raison et l’autre pas ? Je ne crois pas. Les modes de vie africains sont plus que respectables. L’Afrique a beaucoup à nous apprendre : la patience, la gentillesse et la courtoisie entre les gens, la capacité à endurer, l’aptitude à se sortir des difficultés, le goût de la vie sociale, le respect envers les aînés, la soif d’apprendre, la virtuosité intellectuelle de beaucoup, etc. En revanche, si l’on veut réussir l’objectif qui est le nôtre, objectif partagé par la FISF et par mes interlocuteurs africains eux-mêmes, à savoir de structurer leurs fédérations à l’image des fédérations européennes, pour qu’elles aient la possibilité de se produire sur la scène internationale et de faire valoir leurs talents, il n’y a pas 36 modèles possibles. Il faut de la ponctualité, de l’anticipation, de la rigueur, de la transparence, etc. Mes amis africains, à travers ce que j’exige d’eux et ce que je leur reproche, me disent en général avoir beaucoup appris. C’est bien le but, non ? En tous les cas, c’est le but qu’ils reconnaissent au Rallye des Mots, et dont en général ils me remercient.
Alors, à ceux qui me lisent et en ont marre de me lire, à ceux qui n’ont de facile que la critique, à ceux qui sont persuadés que ma mission est vaine parce que l’Afrique ne changera jamais, à ceux qui considèrent que je perds mon temps, à ceux qui ne supportent pas que je me plaigne de souffrir dans les situations auxquelles je suis confrontée, je dis : venez donc à ma place, ou ne me lisez pas !
Bien. Demain nous quittons le Burkina pour le Mali, et je suis un peu inquiète ce matin de ne pas avoir de nouvelles de mes interlocuteurs maliens. Ils n’ont pas répondu à mon dernier mail qui date de plus d’une semaine, et je ne sais pas par qui nous sommes attendus ni où. Nous sommes loin, encore une fois, du modèle européen où nous avons l’habitude de réserver nos séjours des mois à l’avance ! Il n’est pas gênant pour moi d’arriver à Bamako sans savoir où je vais passer la nuit. J’improviserai. Mais en revanche, je crains qu’une fois encore, le Rallye ne soit pas vraiment préparé. Nous verrons bien.
Pas de nouvelles non plus de notre Olivier et de ses 50 cartons. Qui sera là à Bamako pour l’aider à décharger, et pour mettre le matériel quelque part et en lieu sûr ? Mais je commence à avoir appris à ne plus me stresser avec ce genre de choses. Il est probable que tout s’organisera tout de même sur le moment !
Cet après-midi, balade très chouette vers Banfora, à 80 km de Bobo. C’est ici que tout change. Il y a de l’eau partout et même de véritables lacs. Les vaches sont bien plus grasses. On cultive à grande échelle la canne à sucre à l’aide de techniques modernes d’irrigation. Les champs d’arbres fruitiers jalonnent la route, et des tas de femmes vendent sur les bas-côtés des mangues charnues, vertes ou orangées, qui font des montagnes magnifiques de couleurs. Cette région est l’oasis du Burkina Faso. Je suis heureuse de voir toute cette verdure après tant d’aridité dans la traversée de tout le pays que nous venons d’effectuer, d’est en ouest. J’essaie de photographier les vendeuses de mangues et me fait engueuler très fort. Si je veux photographier des mangues je n’ai qu’à photographier celles qui sont sur les arbres, me dit-on ! Il est très difficile de prendre les gens en photo en Afrique : ils ont l’impression qu’on risque de leur prendre leur âme ! Il faut le faire à la dérobée, ou en demandant une permission que l’on ne vous accorde que contre quelques sous que je me refuse de donner. Notre recherche occidentale de l’esthétique n’est absolument pas comprise.
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De retour à l’hôtel, Prince appelle à nouveau le mécanicien. Il y a un truc qui cliquette quelque part. Très heureusement, il m’épargne les détails angoissants sur ce sujet technique, qu’il prend en charge absolument seul, et me rend toujours des comptes très rassurants : tout va bien ; ce n’était qu’une bricole !
Quant à Coulibaly, mon correspondant malien, il nous attend bien demain dans la soirée. Olivier pour sa part ne se rend pas sur Bobo ce soir, car il a trouvé un bus direct demain pour Bamako, ce qui est préférable. Donc demain soir mardi tout le monde à Bamako, y compris les guinéens qui devraient être arrivés. Pour ma part, je suis enthousiaste dès qu’une nouvelle étape démarre. Pourvu que je ne sois pas déçue !
Bobo Dioulasso, le 13 avril

Sous les arbres aussi sont souvent assis quelques groupes de femmes ou d’enfants. Ils semblent attendre. Mais attendre quoi ? Sans doute qu’arrive la pluie bienfaisante, mais qui va pendant plusieurs mois noyer leur village dans la boue. Il n’y a rien ici. Pas d’électricité d’abord. Comment peut-on passer le temps dans de telles conditions ? Je crois que c’est l’ennui plus que la faim qui me réduirait à néant si je vivais ainsi. Prince, qui a de l’humour répond à ma question : on fait l’amour toute la journée et beaucoup d’enfants ! Les gosses n’ont jamais vu un jouet, ni une image. Ils ne connaissent pas la musique ni les livres. Le moindre vieux pneu crevé devient une inépuisable source de jeux. Le passage des rares voitures offre un spectacle dont ils se suffisent. Quant à l’école, elle n’est pas évidente dans ces communes rurales. Il n’existe pas d’école partout, aucun moyen de déplacement pour s’y rendre, et les parents préfèrent souvent garder les gosses pour faire de menus travaux à la maison ou dans les champs. Les filles en particulier, si bien que de nombreuses affiches sur la route et dans les agglomérations font de la propagande pour que celles-ci soient scolarisées.
Enfin, il y a les arbres. Comment font-il ces quelques arbres clairsemés pour rester verts ? Où puisent-ils cette eau qui manque partout ? Ce sont des karités, des nérés, des neems, des manguiers, des acacias, des baobabs et des eucalyptus très maigres. Isolés au milieu de la savane, on en perçoit bien tous les contours, tous les détails. Ils sont magnifiques. Ils sont signe de vie. J’aime les arbres.
Nous parvenons à Bobo en début d’après-midi. Tous les trois nous écroulons pour une sieste qui nous tiendra jusqu’au soir. Il y a une piscine à notre hôtel. Je ne supporte plus de dormir n’importe où, et mon confort maintenant que je suis fatiguée me devient indispensable. Tant pis pour les sous !
L’hôtel, tenu par une européenne, est étonnant, mélange de décoration coloniale, maure, africaine et normande ! Etrange ! Nous y attendrons Olivier demain, qui ne peut rejoindre Bamako directement avec ses 50 cartons, et qui doit les transférer sur un autre bus ! Cette cargaison aura été un souci permanent ! Vite que tous les scrabbleurs en aient pris possession !
Ouagadougou, le 12 avril
Il ne faut désespérer de rien ! Ce matin, nouvelle animation-démonstration dans un lycée de Ouagadougou. Nous sommes là avant l’heure. Nous sommes reçus par le directeur. Les élèves sont nombreux. Tout le matériel nécessaire est en place ! Ouf ! Et les choses se passent bien, très bien même, avec cette excellente participation motivée des élèves, qui semblent bien s’amuser et découvrent très progressivement les mille et une joies de notre jeu : Haine qui devient Chaîne et qui, en benjamin, se transforme en Enchaîne, mais mieux encore en Déchaîne, etc. Oui, c’est vrai, mon boulot de structuration me fait parfois oublier que le Scrabble c’est vraiment génial et rigolo ! Vivement Paris, pour que je puisse me remettre à jouer un peu !![]() | ![]() |
Les burkinabés avancent donc lentement, mais avancent tout de même. Chaque nouvelle expérience leur démontre la nécessité d’une organisation rigoureuse, d’une anticipation, et surtout à quel point ils sont attendus par un public très large : des gosses et des profs dans les écoles, des débutants qui voudraient bien s’y mettre, des joueurs de bon niveau qui n’ont pas l’occasion de « compéter » (horrible mot !), que les africains traduisent par « compétir », ce qui n’est guère mieux, et les autorités qui nous ouvrent partout leurs portes. L’équipe actuellement en place pour préparer le Rallye des mots est insuffisante pour aller plus loin. Elle doit acquérir de la rigueur, mais aussi des bras et des têtes supplémentaires, ainsi qu’un leader responsable qui prenne la direction des opérations, maintienne la motivation et soit reconnu comme un dirigeant potentiel pour la prochaine fédération. Etoffer cette équipe me paraît une priorité.
Nous sommes parvenus à obtenir un rendez-vous avec la ministre de l’enseignement de base (primaire), à 17 heures, sur l’intervention du Parrain miraculeux ! Les autorités burkinabés se montrent donc très ouvertes à notre activité, et je crains un peu que l’équipe actuelle soit en deçà de ce qu’elles vont attendre. Il va probablement falloir limiter les ambitions si l’on ne veut pas se voir déborder par la demande.
Je dois donc émerger de la sieste que je suis arrivée à faire aujourd’hui, me préparer, afficher mon plus beau sourire, oublier ma fatigue et ma lassitude quelques instants, pour Madame la Ministre, qui nous envoie son chauffeur nous chercher à mon hôtel ! Allez ma vieille, encore un petit effort ! Ce sera le dernier de cette longue semaine à Ouagadougou.
L’effort a été payant, puisque la Ministre est prête à tout de suite créer une école pilote dans un établissement primaire. Parfait ! Il va falloir assurer derrière. Puis réunion de bilan avec mes amis burkinabés. Je parle vrai. J’évoque toutes les défaillances, mes inquiétudes, et aussi un formidable espoir dans cette affaire : la fédération n’a pas de passé, et tout est donc possible pour elle. Nulle lutte de pouvoir paralysante, nulle divergence entre les gens, nulle erreur à rattraper. Tout est neuf ou à construire, et il est donc possible de bâtir une organisation formidable sur la volonté largement partagée qu’elle existe et se développe et sur l’amour de notre jeu.
Demain, nous quittons tôt Ouaga avec Prince et Modeste. Olivier poursuit son long chemin de croix en bus avec la cargaison qui vient d’arriver au Burkina ce soir, et qui sera à Bamako avant nous probablement. Dernière étape de ce périple donc, à la rencontre d’autres gens, d’autres problématiques, d’autres paysages. J’aime cette idée plus que tout ! Elle me redonne du courage.
Ouagadougou, le 11 avril
Or, les dysfonctionnements sont légion ! La journée du 11 a été abominable de ce point de vue, une journée d’acrobaties totales, d’improvisations permanentes. Nous avons rendez-vous à 10 heures dans un lycée pour une animation scolaire. A 10 heures quinze le responsable burkinabé se préoccupe de savoir où je suis. Et bien, dans le hall de l’hôtel depuis 9 heures 30 comme il se doit ! Nous ne savons pas où nous nous rendons. Lorsque nous arrivons au lycée, le matériel nécessaire à l’animation n’est pas là. Je refuse de rencontrer dans ces conditions le chef d’établissement. Le matériel est à la direction des loisirs et personne n’a la clef pour y accéder ! Avec une heure trente de retard nous finissons par pouvoir réaliser la démonstration à une classe d’élèves, très intéressés. Leur attention soutenue, leur participation, me réconfortent et je débats avec moi-même pour être à la hauteur, pour me montrer motivée et passionnée par le Scrabble.
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Au fond de moi pourtant, le Scrabble à ce moment là, je m’en fiche ! J’en ai marre. Je commence à être là à contrecœur. J’éprouve le sentiment de me battre contre des montagnes.
Le début de l’après-midi aura du mal à me réconforter. Nous avons prévu l’organisation d’un tournoi simultané à l’université. Arrivés à l’heure dite, la « salle » qui a été retenue par les organisateurs n’est autre qu’un patio donnant sur l’extérieur, sans tables, sans chaises et surtout sans prise électrique pour nos ordinateurs. Il fait toujours 40° à l’ombre. Impossible dans ces conditions. La première partie est prévue à 14 heures. J’envisage de quitter les lieux, d’annuler purement et simplement l’épreuve. Mais Olivier fait preuve de persévérance, et me dissuade de partir. Dick un joueur ivoirien de très bon niveau veut absolument faire l’épreuve pour être sélectionné à Dakar. Ousséni et Abdoulaï, les deux burkinabés à qui on a délégué l’organisation, font ce qu’ils peuvent, courent à droite à gauche…
A 15 heures, on nous dirige vers le restaurant universitaire, encore inondé du nettoyage du repas de midi, les tables à peine essuyées et surtout grouillantes de mouches ! Il faut à la hâte aménager le lieu pour la douzaine de joueurs qui veulent participer. Transporter les tables, les bancs. Nettoyer. Certains s’affairent. D’autres sont là, passifs, attendant que tout soit mis en place. La fatigue qui s’abat sur moi est incommensurable ! Nous devons jouer sans tableau. Nous n’avons pas assez de grilles pour tout le monde. Devant un tel marasme, je ne vois qu’une seule solution : « laisser mesurer les autres ! » comme on dit dans ma région marseillaise, en référence à César, le père de Marius, qui déconseille à son fils d’en faire trop ! Je décide alors de faire le simultané. Seul le scrabble peut m’offrir cette bulle de paix qui me permet de tout oublier, de me détendre. Je vais laisser tomber mon rôle et faire comme n’importe quel joueur : attendre pour pouvoir jouer !
Ma première partie sera catastrophique avec deux zéros de débutante, qui me montrent bien que je ne suis pas là. La suivante me permet de me rattraper et d’arriver deuxième du tournoi. Ouf ! L’honneur est sauf ! Car avec toutes les « leçons de Scrabble » que je donne toute la journée, il faut tout de même que je démontre que je sais aussi un peu jouer !
En même temps que je joue tout en chassant inlassablement les mouches, je reprends le juge arbitre qui conduit la partie, pour améliorer l’annonce des tirages, et surtout celle du positionnement des mots, car sans tableau, il faut être encore plus précis. Pour un certain nombre de participants de ce simultané, c’est la première fois qu’ils jouent en duplicate. Ils sont à la fin des épreuves complètement enthousiastes ! Un burkinabé, qui n’est pas connu de toutes les personnes présentes, arrivera troisième avec un score digne d’une première série lors de la première partie. Le niveau des autres est plutôt bon pour des joueurs confrontés à leur premier duplicate. Je le sais. J’en suis convaincue ! Il y a un nombre considérable de scrabbleurs africains qui sont d’un excellent niveau, sans avoir jamais eu la possibilité de se mesurer à qui que ce soit en compétition.
La soirée s’achève par une cérémonie ! Encore une ! Cérémonie à laquelle personne n’a grand-chose à dire, mais qui existe pour le directeur des loisirs qui nous fait l’honneur de sa présence. C’est la clôture du lendemain de l’ouverture ! J’essaie à nouveau de faire passer un message motivant et suis déçue de n’être relayée par aucun burkinabé. J’aborde la question de la feuille de route qui a été élaborée pour guider le parcours du comité de pilotage vers la création d’une fédération, la question des candidatures aux 5 postes prévus pour ce comité : recensement des joueurs, organisation en clubs, districts et ligues, gestion du matériel remis, trésorerie et coordination. Les discussions qui s’engagent sont trop désordonnées pour qu’on puisse les poursuivre. Et puis, le Ministère s’en mêle. A-t-il son mot à dire dans notre organisation ? Nous sommes encore loin de la mise en place d’une véritable structure, qui supposerait qu’un leader motivant burkinabé prenne les choses en mains, ce qui n’est pas le cas.
C’est épuisée et à bout de nerfs que je fais semblant de prendre quelque chose au cocktail qui suit, avant de m’éclipser discrètement.
A la fin de cette journée, ma décision est prise. Je quitterai l’Afrique aussitôt que mon travail sera achevé à Bamako avec les maliens. Je n’ai plus aucune envie de faire du tourisme avec ce climat, surtout que je dois m’attendre à une chaleur encore plus forte au Mali. Je me réjouissais pourtant de ma balade au Mali, pays que j’avais réservé pour la fin, car c’est de tous les territoires traversés celui qui m’attire le plus. Tant pis ! Ce sera pour une autre fois. Je dois arrêter maintenant, c’est clair, si je veux garder de la motivation pour les prochaines éditions du Rallye des mots. Je crois que les Sénégalais, chez qui je ne me rendrai pas comme prévu les premiers jours de mai, me comprendront, d’autant plus que je serai à Dakar dans quelques mois, et que je pourrai alors, en pleine forme, leur consacrer du temps pour préparer le prochain Rallye qui passera par leur pays.
Car les prochaines éditions, nous y pensons tous les jours avec Modeste, Olivier et Prince. Nous envisageons l’achat d’un camion à bon marché au Bénin, les responsabilités que chacun d’entre eux pourrait prendre, la structure à mettre en place pour faire face aux contraintes que nous rencontrons sur le terrain, les itinéraires futurs. Nous nous entendons parfaitement et nous complétons bien. Olivier m’est indispensable car il me modère. En tant qu’africain, il sait temporiser, bien mieux que moi. Il a des aptitudes dans le domaine structurel qui sont évidentes. Il sait également arbitrer. C’est quelqu’un de calme qui sait se faire écouter. Sa fiabilité est à toute épreuve. Nous formons, je crois, un bon tandem. Modeste est utile à mille et une petites choses : gérer les photos qu’il envoie sur le blog, accomplir des tâches logistiques, surveiller, rassembler et transporter mes affaires, arbitrer, etc. Et puis, la vie sans Modeste en Afrique, maintenant, c’est inenvisageable pour moi ! Enfin, notre Prince, est bien plus qu’un chauffeur. Il prend part à toutes nos animations, donne son point de vue avec beaucoup de pertinence. Il conduit d’une façon très agréable et sécurisante. Et puis Prince et Modeste sont inséparables ! Impossible d’envisager l’un sans l’autre !