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Les burkinabés avancent donc lentement, mais avancent tout de même. Chaque nouvelle expérience leur démontre la nécessité d’une organisation rigoureuse, d’une anticipation, et surtout à quel point ils sont attendus par un public très large : des gosses et des profs dans les écoles, des débutants qui voudraient bien s’y mettre, des joueurs de bon niveau qui n’ont pas l’occasion de « compéter » (horrible mot !), que les africains traduisent par « compétir », ce qui n’est guère mieux, et les autorités qui nous ouvrent partout leurs portes. L’équipe actuellement en place pour préparer le Rallye des mots est insuffisante pour aller plus loin. Elle doit acquérir de la rigueur, mais aussi des bras et des têtes supplémentaires, ainsi qu’un leader responsable qui prenne la direction des opérations, maintienne la motivation et soit reconnu comme un dirigeant potentiel pour la prochaine fédération. Etoffer cette équipe me paraît une priorité.
Nous sommes parvenus à obtenir un rendez-vous avec la ministre de l’enseignement de base (primaire), à 17 heures, sur l’intervention du Parrain miraculeux ! Les autorités burkinabés se montrent donc très ouvertes à notre activité, et je crains un peu que l’équipe actuelle soit en deçà de ce qu’elles vont attendre. Il va probablement falloir limiter les ambitions si l’on ne veut pas se voir déborder par la demande.
Je dois donc émerger de la sieste que je suis arrivée à faire aujourd’hui, me préparer, afficher mon plus beau sourire, oublier ma fatigue et ma lassitude quelques instants, pour Madame la Ministre, qui nous envoie son chauffeur nous chercher à mon hôtel ! Allez ma vieille, encore un petit effort ! Ce sera le dernier de cette longue semaine à Ouagadougou.
L’effort a été payant, puisque la Ministre est prête à tout de suite créer une école pilote dans un établissement primaire. Parfait ! Il va falloir assurer derrière. Puis réunion de bilan avec mes amis burkinabés. Je parle vrai. J’évoque toutes les défaillances, mes inquiétudes, et aussi un formidable espoir dans cette affaire : la fédération n’a pas de passé, et tout est donc possible pour elle. Nulle lutte de pouvoir paralysante, nulle divergence entre les gens, nulle erreur à rattraper. Tout est neuf ou à construire, et il est donc possible de bâtir une organisation formidable sur la volonté largement partagée qu’elle existe et se développe et sur l’amour de notre jeu.
Demain, nous quittons tôt Ouaga avec Prince et Modeste. Olivier poursuit son long chemin de croix en bus avec la cargaison qui vient d’arriver au Burkina ce soir, et qui sera à Bamako avant nous probablement. Dernière étape de ce périple donc, à la rencontre d’autres gens, d’autres problématiques, d’autres paysages. J’aime cette idée plus que tout ! Elle me redonne du courage.