Ce matin je suis prise de velléités touristiques ! Le musée national de Lomé et le centre artisanal.

Les deux sont somme toute assez décevants. Le musée est tout petit et sans guide. Une première salle expose toutes les techniques artisanales traditionnelles togolaises : poterie, forge, travail du bois, etc. Quelques jolis objets cependant, bien que les commentaires manquent vraiment. La deuxième salle se contente de survoler l’histoire du Togo. Après la période de l’esclavage, celle de la colonisation allemande et française, sont affichés les portraits de tous les présidents qui se sont succédé, et cela encore sans commentaires. Nathalie pense que cette « pudeur » recèle en fait un black-out toujours en cours sur l’histoire réelle du Togo, que le pays préfère ne pas révéler au grand jour. Des historiens s’attachent à la reconstituer, mais bien des périodes noires sont restées sans traces.

Quant à la visite au centre artisanal, elle me gêne comme toujours. Je n’aime pas trop ces balades auprès de commerçants ou d’artisans très pauvres qui, en voyant passer un blanc, et ici les touristes sont rares, espèrent tant vendre quelque chose, alors que vous savez bien que vous n’achèterez rien. Chaque passage de touriste dans ce genre de lieux est un espoir déçu. Car il n’est pas question que je charge actuellement mes bagages, un mois et demi avant de rentrer en France.

Le temps passe vite. Demain je pars pour le Cameroun déjà. J’ai commencé à ouvrir mon guide pour repérer au minimum quelques éléments de géographie. Le pays semble très beau du point de vue de la végétation. Le mont Cameroun culmine à plus de 4000 mètres. Les plages sont blanches. Il y a des formations volcaniques, un semi-désert au nord. Bref, tout ce que j’aime. Le seul hic est qu’il fera très très chaud. J’ignore tout de ce que les scrabbleurs camerounais m’ont réservé.

Prince et Modeste, mes adorables accompagnateurs, commencent à parler avec tristesse de mon départ. J’aimerais bien aussi qu’ils restent à mes côtés, tellement leur présence pleine de sollicitude et d’intelligence m’est agréable. Nous évoquons l’idée de ne pas prendre le bus qui transportera les marchandises… et de continuer ensemble dans cette voiture climatisée et confortable qui, depuis une réparation magique, semble parfaitement fonctionner. De plus, je me vois mal effectivement faire du tourisme avec le bus et les marchandises. Une voiture permettrait plus de souplesse.

Je peux prendre à ma charge la location du véhicule, mais il faudrait aussi qu’ils se contentent à trois pendant un mois de mon budget de 1000 € pour un seul accompagnateur. A eux de voir… Se serrer dans une pièce, manger au minimum…Mon budget n’augmentera pas. Ils en discuteront dans les jours prochains avec Olivier.  

Olivier, qui vient de m’apprendre la mauvaise nouvelle du jour. La deuxième cargaison est bien arrivée à Cotonou, mais les douanes ne se contentent pas encore des documents que nous fournissons ! Outre les lettres de donation, la lettre d’accréditation obtenue auprès de l’OIF et l’exonération douanière signée du Ministre des Finances béninois, il y aurait encore des frais à payer ! C’est du racket ou quoi ? Comment un pays peut-il se prévaloir de taxer des marchandises qui sont données et qui doivent être distribuées gratuitement sur son territoire ? Je crains que le problème ne se renouvelle à mon arrivée au Cameroun, alors que les dépenses engagées pour le fret aérien sur ce pays sont déjà importantes.

Mon dernier dîner solitaire à Coco Beach est un petit moment de bonheur. Le vent ce soir est un peu frais. Le bruit de la mer incessant. La nuit très noire. Je savoure cet instant de solitude.