Grosse journée de travail aujourd’hui.
Nous avons rendez-vous le matin avec la conseillère culturelle de l’ambassade de France. Elle ignorait l’existence d’une fédération mauritanienne de scrabble et se montre ravie de nous connaître. Elle propose d’associer la fédération aux activités de la semaine de la francophonie qui a lieu en mars, et nous convie à une réunion de préparation de cet évènement la semaine prochaine. J’espère que la fédération va se montrer à la hauteur. Ici, comme ailleurs, il suffirait de se montrer actif et sérieux, pour avoir tout le soutien institutionnel voulu, et ce, malgré les baisses de budget que connaissent les services d’ambassade cette année.
Je consacre l’après midi à préparer l’assemblée générale de ce soir. Nous allons, du moins je l’espère, renouveler le bureau exécutif de la fédération mauritanienne. Je dois faire un exposé de présentation sur ce qu’est un organigramme, et peux me servir du travail fait l’an dernier avec les africains, en particulier avec le Cameroun. Il faudra aussi faire comprendre que derrière chaque poste, il y a des fonctions, des tâches concrètes à assumer, bénévolement, et que l’on ne se présente pas pour la gloire que représenterait un titre, quel qu’il soit. Car souvent, le titre est en Afrique très important, trop important.
L’assemblée commence avec le retard habituel, mais parvient tout de même à réunir 21 personnes, ce qui n’est pas mal compte tenu du fait qu’elle a été décidée il y a très peu de temps, et qu’il n’existe aucun organe de communication officiel entre les scrabbleurs. Tout se passe par connaissances et par téléphone portable, devenu le nouveau tam-tam africain !
A la très forte majorité, la nécessité de renouveler l’ancien bureau est approuvée. La réunion commence de façon agitée, le débat portant sur le bilan de l’ancienne équipe. J’essaie tout de même de l’éviter et de tourner les préoccupations vers l’avenir, mais ce n’est pas facile. Lorsque les assemblées sont houleuses en Afrique, il n’est pas aisé de maîtriser l’animation ! Nous finissons par y parvenir, mais il faut se montrer très ferme. Après l’exposé sur l’organigramme, c’est l’appel aux candidatures. Puis, poste par poste, le vote sur les candidats.
Au final, Ely, ancien premier vice président, est nommé président, contre Alyoun qui tenait ce poste jusqu’à présent, à la très grande majorité. Il est le seul à s’être montré très impliqué jusqu’à ce jour, et tout le monde attendait sa candidature. Alyoun devient à sa place vice- président, si bien qu’il ne se produit qu’un échange de poste. Ely sortira déçu du résultat du vote, la nouvelle équipe n’étant pas radicalement différente de la précédente, compte tenu du peu de candidats à chaque poste. Il n’est pas certain que les choix effectués l’aient été en fonction d’une analyse réelle des capacités de chacun.
Pour ma part, je suis néanmoins satisfaite, car cette Assemblée, doit générer un nouvel élan. Je crois en Ely comme un président sérieux et motivé. Il suffit d’animer cette équipe pour qu’elle fonctionne. Mais la tâche est immense car le niveau d’in-formalisme dépasse ici tout entendement. Les scrabbleurs souvent ne se connaissent même pas, alors qu’ils jouent simplement dans un quartier différent de la ville. La pratique du « musclé » existe toujours. Il s’agit d’une variante du scrabble dans laquelle on n’accepte pas les conjugaisons. Personne n’a de réelle notion des modes de fonctionnement de notre activité au plan officiel : licences, classement, règlement, arbitrage, homologation, etc. Il faudra très probablement revenir pour apporter ce savoir-faire qu’il est prématuré de transmettre maintenant.
De retour à mon hôtel, le réceptionniste va me chercher un sandwich dans le restau sénégalais tout proche. Je l’avale en vitesse et m’écroule vite ! Demain c’est le grand départ pour l’Adrar, plateau du nord de la Mauritanie, où se trouvent les plus beaux ergs, et la ville caravanière de Chinguetti où je rêve de me rendre depuis longtemps.