C’est le printemps et la pleine lune ce soir sur Yaoundé.
On dit que la pleine lune rend fou. Est-ce ce qui se passe avec mes amis camerounais à Yaoundé ? Possible !
La matinée a été douce. Je m’occupe un peu de moi dans la maison avant de rejoindre ma bande de crocodiles et d’iguanes yaoundéens qui a organisé un tournoi. Sa raison d’être est surtout de faire quelque chose à Yaoundé à l’occasion du Rallye, et d’occuper les jeunes scrabbleurs qui, à cette occasion sont venus de Douala, et qui commencent à râler de s’être déplacés pour pas grand-chose. Lorsque j’arrive sur le lieu du tournoi, commencé depuis le matin, l’épreuve est annulée, et n’a pas été au-delà des quarts de finale à cause d’un litige entre deux joueurs qui a dégénéré. Il faut dire que ce tournoi n’est pas préparé du tout. Il est purement informel, et a lieu dans la maison d’un scrabbleur. Il n’y a aucune commission d’arbitrage… Nous sommes au Cameroun, me dit-on ! Mais est-ce vraiment une malédiction ou quoi ?
Il est vrai que dans tous les domaines, on peut constater ici une certaine anarchie. Je donne l’exemple de la circulation routière, et cet exemple peut s’appliquer à beaucoup de domaines de la vie camerounaise. Le permis de conduire coûte trop cher. Peu de gens le passent. Les auto-écoles font échouer volontairement les élèves pour vendre davantage de leçons ! On préfère en général « apprendre » à conduire avec un ami ou un parent, et on achète une voiture dès que l’on se sent sûr de soi. Les règles du code de la route sont donc purement et simplement méconnues. D’ailleurs sur les routes ou dans les rues, rien n’indique quoi que ce soit : directions, interdictions, priorités, etc. C’est le plus fort qui passe le premier. On comprend que dans cette situation on puisse assister à des accidents tous les jours, en direct.
La prise de parole en réunion suit un peu le même schéma ! Tout le monde parle en même temps, et c’est la force de la voix ou l’agressivité du ton qui détermine qui on entend ! Autant dire que le volume sonore est pour moi extrêmement pénible dès que l’on est nombreux, et que l’animation d’un groupe dans ces conditions est bien difficile. Je m’en sors grâce à un certain autoritarisme qui souvent, si je ne l’affirmais pas, ne me permettrait pas de faire passer mes messages. Malgré ce désordre, il existe cependant des règles tacites, qui font que le plus âgé est en général plus écouté que le plus jeune, que ma parole avec ce qu’elle a de plus ou moins « officiel » parvient à se faire entendre, mais c’est à chaque instant comme une sorte de combat.
Il n’y aura eu décidément rien à Yaoundé pendant les 4 jours que je viens de passer. Ni rencontre officielle, ni contacts avec les établissements scolaires, ni visites des clubs, ni remise du matériel, et pas même un tournoi digne de ce nom pour fêter le Rallye des Mots ! Heureusement que la ville est intéressante, gigantesque, et que les errements en voiture d’un lieu à l’autre me permettent d’observer la vie camerounaise.
Je me suis en particulier rendue hier sur le marché central avec Maimounia pour acheter une de ces robes magnifiques que portent ici les femmes : un kaba. La créativité dans les tissus et dans la façon est remarquable, et le marché offre un choix fou. Des « ruelles » très étroites et obscures séparent les stands de bois qui regorgent de marchandises et grouillent de gens qui se bousculent. Je m’offre deux jolies robes africaines pour une bouchée de pain, et aurais bien traîné un peu plus longtemps si une pluie féroce n’était en train de s’abattre sur la ville. Maï ayant horreur de la pluie, nous abrégeons la balade.
Après le tournoi de cet après-midi, je convie certains à dîner au restaurant avec moi : Jojo bien sûr et aussi Armand et son épouse qui ont si gentiment accueilli chez eux tant de scrabbleurs. Mais je ne parviendrai pas à organiser ce petit dîner intime ! Nous sommes sans nous en rendre vraiment compte suivis par un tas de gens. Nous nous retrouverons encore 8 ou 9 à table, et le dîner intime se transformera vite en réunion de préparation de l’assemblée générale de demain. Je regrette pour ma part vivement de n’avoir jamais avec les africains de rencontres individuelles, personnelles. Personne ne sait rien de moi et je ne sais rien de personne. Toutes les conversations tournent autour du Scrabble ou de la vie camerounaise. Il me manque vraiment quelque chose.
Le restaurant où nous nous rendons est étonnant. C’est une grande table de bois agrémentée de bancs sous une tonnelle obscure et déserte. Le patron est un artisan qui fait des meubles en bois précieux magnifiques, taillés à même les troncs d’arbre, et dessinés de façon particulièrement pure. Ces objets auraient un succès fou chez nous.
Mais pour y parvenir, c’est encore la galère habituelle ! Alors que nous venons de rouler pendant presque trois quarts d’heure dans une direction, un coup de fil de quelqu’un qui s’impose à notre groupe, nous indique qu’il faut nous rendre dans la direction contraire vers ce restau où il a réservé. Pas de problème ! Le conducteur du véhicule s’exécute et nous mettrons une heure trente à nous retrouver, soit environ deux heures de trajet avant de pouvoir boire quelque chose ! Je suis affamée et assoiffée. Mais rien à dire. Il semble normal à tout le monde que nous ayons fait ce parcours anarchique. Je suis sans doute la seule à me plaindre. La seule à trouver cela aberrant ! Les Africains me diront que je suis trop cartésienne. C’est sans doute vrai. Mais comme il est fatigant de ne pas l’être !
On dit que la pleine lune rend fou. Est-ce ce qui se passe avec mes amis camerounais à Yaoundé ? Possible !
La matinée a été douce. Je m’occupe un peu de moi dans la maison avant de rejoindre ma bande de crocodiles et d’iguanes yaoundéens qui a organisé un tournoi. Sa raison d’être est surtout de faire quelque chose à Yaoundé à l’occasion du Rallye, et d’occuper les jeunes scrabbleurs qui, à cette occasion sont venus de Douala, et qui commencent à râler de s’être déplacés pour pas grand-chose. Lorsque j’arrive sur le lieu du tournoi, commencé depuis le matin, l’épreuve est annulée, et n’a pas été au-delà des quarts de finale à cause d’un litige entre deux joueurs qui a dégénéré. Il faut dire que ce tournoi n’est pas préparé du tout. Il est purement informel, et a lieu dans la maison d’un scrabbleur. Il n’y a aucune commission d’arbitrage… Nous sommes au Cameroun, me dit-on ! Mais est-ce vraiment une malédiction ou quoi ?
Il est vrai que dans tous les domaines, on peut constater ici une certaine anarchie. Je donne l’exemple de la circulation routière, et cet exemple peut s’appliquer à beaucoup de domaines de la vie camerounaise. Le permis de conduire coûte trop cher. Peu de gens le passent. Les auto-écoles font échouer volontairement les élèves pour vendre davantage de leçons ! On préfère en général « apprendre » à conduire avec un ami ou un parent, et on achète une voiture dès que l’on se sent sûr de soi. Les règles du code de la route sont donc purement et simplement méconnues. D’ailleurs sur les routes ou dans les rues, rien n’indique quoi que ce soit : directions, interdictions, priorités, etc. C’est le plus fort qui passe le premier. On comprend que dans cette situation on puisse assister à des accidents tous les jours, en direct.
La prise de parole en réunion suit un peu le même schéma ! Tout le monde parle en même temps, et c’est la force de la voix ou l’agressivité du ton qui détermine qui on entend ! Autant dire que le volume sonore est pour moi extrêmement pénible dès que l’on est nombreux, et que l’animation d’un groupe dans ces conditions est bien difficile. Je m’en sors grâce à un certain autoritarisme qui souvent, si je ne l’affirmais pas, ne me permettrait pas de faire passer mes messages. Malgré ce désordre, il existe cependant des règles tacites, qui font que le plus âgé est en général plus écouté que le plus jeune, que ma parole avec ce qu’elle a de plus ou moins « officiel » parvient à se faire entendre, mais c’est à chaque instant comme une sorte de combat.
Il n’y aura eu décidément rien à Yaoundé pendant les 4 jours que je viens de passer. Ni rencontre officielle, ni contacts avec les établissements scolaires, ni visites des clubs, ni remise du matériel, et pas même un tournoi digne de ce nom pour fêter le Rallye des Mots ! Heureusement que la ville est intéressante, gigantesque, et que les errements en voiture d’un lieu à l’autre me permettent d’observer la vie camerounaise.
Je me suis en particulier rendue hier sur le marché central avec Maimounia pour acheter une de ces robes magnifiques que portent ici les femmes : un kaba. La créativité dans les tissus et dans la façon est remarquable, et le marché offre un choix fou. Des « ruelles » très étroites et obscures séparent les stands de bois qui regorgent de marchandises et grouillent de gens qui se bousculent. Je m’offre deux jolies robes africaines pour une bouchée de pain, et aurais bien traîné un peu plus longtemps si une pluie féroce n’était en train de s’abattre sur la ville. Maï ayant horreur de la pluie, nous abrégeons la balade.
Après le tournoi de cet après-midi, je convie certains à dîner au restaurant avec moi : Jojo bien sûr et aussi Armand et son épouse qui ont si gentiment accueilli chez eux tant de scrabbleurs. Mais je ne parviendrai pas à organiser ce petit dîner intime ! Nous sommes sans nous en rendre vraiment compte suivis par un tas de gens. Nous nous retrouverons encore 8 ou 9 à table, et le dîner intime se transformera vite en réunion de préparation de l’assemblée générale de demain. Je regrette pour ma part vivement de n’avoir jamais avec les africains de rencontres individuelles, personnelles. Personne ne sait rien de moi et je ne sais rien de personne. Toutes les conversations tournent autour du Scrabble ou de la vie camerounaise. Il me manque vraiment quelque chose.
Le restaurant où nous nous rendons est étonnant. C’est une grande table de bois agrémentée de bancs sous une tonnelle obscure et déserte. Le patron est un artisan qui fait des meubles en bois précieux magnifiques, taillés à même les troncs d’arbre, et dessinés de façon particulièrement pure. Ces objets auraient un succès fou chez nous.
Mais pour y parvenir, c’est encore la galère habituelle ! Alors que nous venons de rouler pendant presque trois quarts d’heure dans une direction, un coup de fil de quelqu’un qui s’impose à notre groupe, nous indique qu’il faut nous rendre dans la direction contraire vers ce restau où il a réservé. Pas de problème ! Le conducteur du véhicule s’exécute et nous mettrons une heure trente à nous retrouver, soit environ deux heures de trajet avant de pouvoir boire quelque chose ! Je suis affamée et assoiffée. Mais rien à dire. Il semble normal à tout le monde que nous ayons fait ce parcours anarchique. Je suis sans doute la seule à me plaindre. La seule à trouver cela aberrant ! Les Africains me diront que je suis trop cartésienne. C’est sans doute vrai. Mais comme il est fatigant de ne pas l’être !