Dire que la réunion était houleuse est un euphémisme !

Je prends la parole la première pour un point de la situation, puisque la réunion est convoquée par mes soins. Mon bilan est le suivant :

-    Engagement de la fédération béninoise non tenu sur le plan logistique, ni pour nos transports à Cotonou (nous avons dû nous-mêmes prendre une voiture avec chauffeur, négocier le prix, et payer), ni sur le plan des déplacements internationaux.
-    Préparation des évènements à venir plus qu’aléatoire. La salle de formation n’est toujours pas réservée ainsi que l’hébergement des participants à 48 heures de son démarrage, la cérémonie officielle du vendredi n’est pas préparée et personne ne sait où elle se tiendra…
-    Modification de mon planning initial qui prévoyait 2 semaines passées au Bénin dont une de tourisme. Certes, le retard du matériel peut expliquer que nous passions à Cotonou une semaine supplémentaire, mais il n’a jamais été question que nous y passions les 4 semaines prévues.
-    Absence de travail auprès des médias argumentant le fait qu’ils ne seront pas intéressés par notre activité et qu’il faudrait que nous les payions.

Je reçois en retour les explications suivantes ;

La fédération béninoise est « victime » d’un  conflit entre le Directeur de la Francophonie et le Ministère de la Jeunesse, conflit dans lequel nous sommes pris sans le vouloir, et qui explique que les promesses effectuées aient été annulées.

J’aurais aggravé la situation en remettant un planning au Ministère de la Jeunesse, initiative que j’ai prise dans l’urgence, le jour où la responsable des loisirs, courant après Gustave, le Vice-Président de la fédé béninoise absent pour cause d’enterrement, était en train de faire une crise de nerfs.

Le travail amont de préparation des rendez-vous, de médiatisation, d’organisation des évènements a été fait, ce depuis longtemps. Si l’on se rend compte que certaines choses ne sont pas effectuées, c’est de la faute à celui à qui on a délégué les démarches : Modeste. Et des services divers que nous voulions contacter, bref des autres…

Aucune de ces explications ne tient à mes yeux. Le conflit en question existe peut-être à haut niveau, mais si les choses avaient été correctement calées avant notre arrivée nous n’en serions pas victimes. L’initiative que j’ai prise concernant la remise du planning à la Directrice des Loisirs était nécessaire, et personne ne saura m’expliquer en quoi elle « aggravait la situation ». Quant à se défausser sur les exécutants, dont je vérifie moi-même chaque jour le dévouement et le sérieux, je considère cela comme indigne de la part d’un responsable !

Je profite de la réunion pour exprimer par ailleurs mon souhait que les accompagnants béninois dans les autres pays soient Modeste et Olivier, ayant une bonne visibilité du projet, entièrement disponibles et dévoués. Là, tollé ! J’ai touché à un tabou, semble t-il. J’explique que je suis en droit de choisir avec qui je vais passer les prochains mois, 24h/24 puisque les accompagnants ne nous « lâcheront » pas, y compris pendant les périodes touristiques. Je sens bien que mon volontarisme agace les responsables de la fédé béninoise, peu habitués semble t-il à laisser place à l’initiative, à être contestés publiquement et par une femme de surcroît. Mais je passe outre, car il y va de la réussite du projet. Je ne suis pas là pour me faire aimer. Je représente la Fédération Internationale et estime que celle-ci n’a pas à attendre d’ordres de la part de la fédération béninoise.

Il sera fait d’ailleurs allusion à certains propos que j’ai tenus dans ce blog. J’explique, là encore, que je suis libre de mes propos, que ce blog est un journal de voyage et pas un compte rendu officiel de mes activités à la FISF, que j’y exprime mes impressions et ma subjectivité. Je refuse absolument de me censurer parce que mes propos déplairaient à qui que ce soit.

Rien de bien constructif ne ressort de la réunion, si ce n’est encore une promesse toujours aussi vague que nous aurons le 25 un véhicule affrété par la fédé béninoise pour démarrer la tournée dans les provinces du pays, un autre pendant deux jours prêté par le Ministère des Affaires étrangères et un dernier enfin, pour 5 jours prêté par le Ministère de la Jeunesse et des Sports. Enfin, disons que c’est ce que nous avons compris ! La réalité nous en apprendra certainement davantage et Claude et moi doutons bien de ce que nous avons entendu.

Ce 21 février arrive le matériel, enfin ! A l’heure prévue du rendez-vous à la Maison de la Francophonie où il doit être livré, nous nous rendons compte que les scrabbleurs béninois qui devaient aider à décharger la marchandise ne sont pas là. Problème de transmission d’information semble t-il entre la fédération béninoise et la Ligue régionale qui devait fournir la main-d’œuvre. Il faut dire que le représentant de la Ligue n’a pas été convié à la réunion du bureau d’hier. Ici, le respect des procédures prime semble t-il sur le souci d’efficacité. Nous exigeons que l’on nous trouve des manutentionnaires, et je précise qu’il est hors de question que nous les payions. Roméo parvient en dernière minute à mobiliser 5 de ses copains… qu’il faudra indemniser.


Il faut s’imaginer ce qu’est cette journée sous un soleil écrasant au fond d’une cour où s’entassent nos trois tonnes de cartons, dont certains déjà éventrés…Le travail à effectuer est difficile, puisque les cartons sont triés plus ou moins par types de produits et identifiés ainsi. Je dis « plus ou moins » parce que dans le souci de les remplir complètement, des tas de choses diverses ont été rajoutées au dernier moment, si bien que le contenu de chacun est hétéroclite et qu’il faut presque tous les ouvrir un à un pour savoir ce qu’ils contiennent en réalité.

A l’aide de ma feuille de répartition, je commande les opérations. Pour chaque type de produits il faut définir combien d’exemplaires sont à attribuer à chaque pays, et constituer des palettes par pays. Enorme boulot, qui nous prendra sans même prendre le temps de déjeuner jusqu’à 17 heures. Claude se charge avec beaucoup d’adresse de ranger le magasin, que nous trouvons le matin de la livraison complètement sale et encombré. Apparemment là encore, il n’y a pas eu d’anticipation !

Je laisse à la fédé béninoise toute la littérature dite « diverse » que nous avons collectée, ces bouquins, type 7+1, étant volumineux et lourds, dans le souci d’alléger un peu les prochains transports, dont nous ne savons toujours pas comment nous allons pouvoir les effectuer.

C’est aujourd’hui qu’Olivier nous a pris le rendez-vous avec la télévision nationale béninoise ! Bon choix ! Nous devons abandonner notre équipe de manutention et toute la cargaison pendant deux heures pour être interviewés. Au fond de moi je bouillonne et me sens extrêmement tendue. J’espère que cela ne se verra pas trop à l’image. Un sujet passe effectivement sur les journaux de la journée, ce qui est une excellente chose. Mais bon Dieu, pourquoi aujourd’hui ? A la fin de l’interview le journaliste nous dit être intéressé à la couverture de la cérémonie officielle qui se déroule le lendemain pour la remise du matériel. Et bien alors ? Vous voyez bien chers amis béninois que les médias s’intéressent au Scrabble, et qu’il n’est pas nécessaire de les payer pour obtenir des retombées sur notre activité ?

La journée s’achève dans l’épuisement total. Claude et moi, noirs de poussière, nous écroulons très tôt.