Ce devait être une pleine journée de tourisme au départ de Grand Popo. Mais le démarrage est dur et gâche un peu l’ambiance.

Cybercafé qui ne fonctionne pas, situation difficile au Togo où plusieurs personnes semblent contester la légitimité de mon correspondant, et surtout annonce par le transitaire que, malgré la demande d’exonération douanière faite au Ministère, il faut encore payer 600 000 FCFA de taxes pour sortir ces foutues marchandises du port ! Une exonération totale demanderait 4 semaines. Impossible de laisser ainsi le matériel bloqué, et nous avec à Cotonou.

Sur ce, après m’être énervée contre le cyber qui fait payer ses prestations à l’heure pour un matériel qui ne fonctionne pas, je me rends compte que j’y ai laissé mon portable. Marche arrière et retour au cyber. Quelqu’un s’en est emparé après mon départ, bien sûr. Il faut le retrouver. Tout le monde parle en fon ... L’emprunteur finit par revenir, d’on ne sait où, je ne sais comment. Au total nous aurons ainsi perdu trois heures !

Nouveau départ en fin de matinée pour notre balade. C’est d’abord la route des esclaves, au départ de Ouidah, qui est jalonnée de monuments retraçant la terrible épopée de millions d’hommes de femmes et d’enfants, achetés par les américains à des chefs de tribu africains. Histoires horribles d’êtres humains enchaînés, enfermés des jours dans le noir pour les habituer au terrible voyage, sur des bateaux où ils sont entassés les uns contre les autres dans des soutes abjectes. Celui qui est trop fatigué ou malade est systématiquement jeté à la mer et donné en pâture aux requins.


Puis la route des pêches en pleine cocoteraie, qui longe la mer et relie Ouidah à Cotonou, et par laquelle nous pouvons voir ces petits hameaux de palme abritant des familles de pêcheurs. Les grosses pirogues  peintes ou sculptées sur lesquelles ils s’embarquent sur une mer semble t-il toujours grosse, paraissent très précaires. Le poisson sèche au soleil dans la puanteur. Des enfants par ci par là, car ce sont les vacances scolaires. Et toujours la plage immense et splendide dont nulle infrastructure touristique ne vient gâcher le paysage. Ce sont ainsi des centaines de kilomètres d’un littoral magnifique encore inexploité. Pourvu que cela dure encore un peu ...



Le retour à Cotonou est duraille après tant de beauté, et de calme. La moindre course demande beaucoup d’énergie dans la chaleur et la circulation infernale. A la maison, Roméo nous attend.


Nous nous rendons le soir dans un club de Scrabble dont le responsable m’a spontanément appelé pour me rencontrer. C’est une association d’une cinquantaine de personnes de Cotonou qui a mis le Scrabble au cœur de ses activités. Ils possèdent 4 grilles et jouent tous les week-ends dans le fond d’une cour de la ville. Les joueurs ont tenté de rejoindre la Ligue Atlantique Littoral, mais sans succès. Ils sont isolés, en plein centre de Cotonou, et très motivés à promouvoir le jeu. Le Rallye est donc une occasion pour eux de se mettre en relation avec la Fédération Béninoise qui les ignorait jusque là. Ce type de dysfonctionnements doit être à mon avis très fréquent. Combien de gens passionnés  par le jeu cherchent sans succès à se rattacher à une structure ? Il n’est pas certain que les scrabbleurs africains refusent de se licencier et préfèrent jouer de façon informelle. Là, j’ai l’exemple criant de joueurs qui aimeraient être encadrés et ne le sont pas.

Ce qui m’étonne encore davantage, c’est que personne dans la fédération béninoise ne semble les connaître ! Il faut dire qu’il n’existe aucun fichier central des licenciés, aucun outil permettant avec fiabilité de répertorier qui joue et où. Tout est à faire dans ce domaine, alors que la structure en Ligues existe bel et bien. Ce point sera probablement inscrit comme point majeur dans les objectifs que le Rallye fixera à la Fédération Béninoise.