C’est une sacrée galère que ce Rallye des Mots !

Les difficultés administratives sont immenses, et se révèlent pleinement aujourd’hui.

Le navire a 48 heures de retard. À la limite, cela n’est encore pas très grave, sauf que l’on nous demande encore 4 jours supplémentaires pour la livraison des marchandises, qui elle, est bien prévue à la Maison de la Francophonie. Nous ne sommes donc pas prêts de commencer notre tournée. Il va falloir occuper les jours qui viennent à autre chose, et en particulier à faire un peu de tourisme pour combler les trous.

Le Ministère de la Jeunesse, des sports et des loisirs
, ministère de tutelle de la fédération béninoise, dont la Directrice des Loisirs a  jusqu’à ce jour assisté à nos diverses réunions, ne s’avère pas aussi prêt qu’on le croyait à nous aider. Nous tentons d’obtenir une exonération des taxes douanières pour notre fourbi qui n’a aucune valeur marchande, qui est l’objet d’une collecte ou de donations, et qui sera redistribué dans les pays à titre purement gratuit. Cette exonération, que les amis de la fédération béninoise avaient considérée comme acquise, est maintenant sujette à problèmes. Pourquoi exonérerait-on des marchandises destinées aussi à d’autres pays que le Bénin, rétorque le Ministère. L’ordre était pourtant quasiment signé. Que signifient ces retournements de dernière minute ?

Le rendez-vous déjà prévu pour hier et reporté à ce matin 8 heures, avec le Ministre lui-même, n’est pas possible. Nous sommes tous sur notre 31 dans les bureaux du Ministère à l’heure dite, et déconfits, nous devons partir sans l’avoir rencontré. Le sentiment de tous est que si nous pouvions passer par-dessus les obstacles que nous mettent les cadres du Ministère, si nous pouvions avoir directement accès au plus haut niveau, nous serions compris et  tout serait bien plus simple. Nous devons nous contenter d’accepter que l’on nous rappelle plus tard… Veut-on nous avoir à l’usure ? Dans quel objectif ?

Le rendez-vous suivant avec le représentant de la Francophonie n’est pas très calé non plus. Nous arrivons dans les locaux, et ne sommes pas vraiment attendus. Monsieur Ahanhanzo-Glele aura cependant la gentillesse de nous recevoir, et nous lui expliquons nos difficultés concernant le matériel en particulier. Il se met en colère contre le Ministère de la Jeunesse, appelle le Ministre qui doit le rappeler, promet de nous appeler à nouveau, ce qu’à cette heure, presque 19 heures il n’a peut-être toujours pas fait.

Notre rendez vous ce soir à 16 heures avec le conseiller d’action et de coopération culturelle de l’Ambassade de France, n’est pas non plus confirmé. Décrochant mon téléphone pour le joindre personnellement, il semble ignorer qui nous sommes, alors que depuis tant de mois la FISF envoie des dossiers et des relances et que la Fédération Béninoise prévoit les rencontres. Mais où suis-je ? Il semblerait que tout le monde se ligue contre nous, ou quoi ?

Ce qui m’inquiète profondément, c’est que cela risque de se produire dans les autres pays africains aussi. Des jours et des jours d’attente perdus à espérer que l’on nous reçoive, que l’on tienne ses engagements, que… Si cela se déroule ainsi dans tous les pays, je crains la mission impossible. Par mission, j’entends non pas les tournées mais les rencontres avec les officiels destinées à consolider les fédérations et à leur apporter le soutien dont elles ont besoin.

La Maison de la Francophonie a en revanche tenu ses promesses en mettant un bureau à notre disposition et en m’autorisant à utiliser la connexion Internet. Mais même là, les choses ne sont simples pour personne. Nous nous attablons au restaurant croyant que le repas nous était offert. Pas du tout ! Il ne s’agissait que des boissons ! C’est comme si les gens ne se comprenaient pas. Comme si les paroles n’étaient pas entendues. Comme si les désirs prenaient le pas sur les réalités. J’ai bien du mal à naviguer dans ce système.

Je ne remets pas du tout en cause la bonne volonté
des représentants béninois de la fédération. Ils s’avèrent très mobilisés, très disponibles, très engagés et assurent que depuis début novembre tout a été fait pour consolider les rendez vous pour préparer concrètement le Rallye. Je les crois sincèrement. Mais eux comme moi avons affaire à un ennemi invisible : les lenteurs et les pesanteurs du fonctionnement du système africain, les approximations dans les déclarations et les engagements, les tentations de chacun de ramener la couverture à soi, sans doute aussi de tirer un bénéfice de tout cela. C’est un enfer kafkaïen dans une atmosphère digne de Voyage au Bout de la Nuit de Céline ! Que de choses m’échappent !

La sieste de cet après midi me retape de cette matinée de galère, nonobstant la coupure d’électricité de plusieurs heures qui immobilise mon ventilateur !