Les semaines qui viennent de passer ont été lourdes de péripéties bien désagréables. Décidément, la préparation de ce Rallye des Mots aura été laborieuse et pénible, à un point tel qu’il m’arrive parfois d’oublier que dans trois semaines maintenant je serai en Afrique, pour de bon !

Sur le plan matériel et logistique, les difficultés ont été (sont peut-être encore) bien plus grandes que prévu. Larousse qui nous avait promis les retours de librairie de l’ODS4 (j’en attendais donc plusieurs centaines) nous a prévenus quelques jours avant la date butoir de leur envoi que leur structure (« une grosse machine » dixit la responsable) n’est pas parvenue à les intercepter, et qu’ils sont … au pilon ! Comment expliquer une telle mésaventure ? Sans doute, parce que les procédures de retour sont bien établies dans l’entreprise, et qu’il est plus difficile de demander une dérogation que de les laisser se poursuivre. Sans doute, parce que personne ne se rend vraiment compte de la valeur d’un dictionnaire, même périmé, pour des milliers de gens dépourvus d’accès aux livres. Sans doute parce que nous possédons tant et tant que le réflexe poubelle prévaut sur tous les autres. Sans doute aussi, parce qu’il coûte plus cher de « rattraper » ces ODS en cours de route, de les comptabiliser, de les stocker quelque part, etc. que de les détruire. Ceci est choquant, mais au final pas tellement surprenant. Ne jetons-nous pas aussi des tonnes de nourriture, alors que tant de gens crèvent de faim ?

Alors, lorsque nous entendons les sempiternels discours sur le développement durable, sur la nécessité de ne pas gaspiller, ne soyons pas dupes ! Tous ces grands principes ne résistent pas 5 minutes face aux raisonnements économiques à court terme.

Nous nous sommes donc retrouvés, à 48 heures du départ du bateau pour Cotonou, sans autres ODS que ceux collectés auprès des scrabbleurs, soit 80 ODS4 et 150 ODS3 pour 7 pays !
Mobilisation générale pour rattraper l’affaire. La FISF a effectué une donation de 50 ODS5. Larousse également, car « faute de stock », il n’était pas possible d’en avoir davantage. La Fédération Française enfin s’est dépourvue sur ses propres stocks de 50 exemplaires également, dont elle fait don au Rallye des Mots. Merci mille fois à eux !

Sur ce, le transitaire maritime m’informait que tout le matériel ne pouvait être récupéré dans les temps, et qu’il devrait donc partir en deux cargaisons. Alors que tout était bloqué depuis longtemps au niveau des dates. C’est que, lorsqu’on a affaire à un commercial, tout est toujours possible et facile. Mais dès que les dossiers sont passés entre les mains des opérationnels, cela devient autre chose et infiniment plus compliqué. Une fois le devis accepté et la commande passée, débrouille toi ! Les mauvaises nouvelles de ce côté-là ne sont pas pour autant terminées, puisque la veille du départ du premier bateau, j’apprends que ce bateau a subi un contrôle douanier imprévu, et qu’il ne partira que la semaine d’après ! Finalement, le départ n’est prévu de Rouen qu’en une seule cargaison de 8 palettes, et le 25 janvier. Le matériel qui devait être à Cotonou le 5 février, 4 jours avant mon arrivée, ne le sera que le 13, soit 4 jours après.
Mais au point où j’en suis des déconvenues, mon seul espoir est maintenant qu’il parte et surtout… qu’il arrive !

Au crédit des bonnes nouvelles, deux sont à mentionner tout de même.

Le Rallye est bénéficiaire d’une donation de la part d’une société allemande General Computers Logistic System.  Nous obtenons 10 ordinateurs portables neufs de marque Dell et 10 imprimantes laser. Il n’est pas tout à fait certain que ceux-ci puissent rejoindre à temps le navire pour le départ du 25 janvier, mais ce ne serait pas une catastrophe. L’informatique est un besoin énorme pour les clubs de Scrabble africains. Tout là-bas est le plus souvent encore arbitré à la main. Cette donation va beaucoup les aider.

Un scrabbleur suisse, Claude Tharin, va venir me rejoindre en Afrique et probablement m’accompagner durant les trois mois. Claude, joueur de 2ème série, a des compétences en animation de clubs scolaires et en arbitrage. Il va donc bien me compléter, car ces deux domaines ne sont pas mon fort ! Nous nous sommes rencontrés à  Paris pour un premier contact. Le courant a l’air de passer et c’est tant mieux. Cette présence me rassure sur l’efficacité de nos actions sur le terrain et rend notre délégation FISF plus représentative.

Les dernières semaines ont été consacrées à trois tâches importantes :

-    La constitution des dossiers de demandes de visas. Beaucoup de paperasserie. Ce n’est jamais très amusant. Attendre les certificats d’hébergement des uns et des autres…

-    Les rencontres avec les attachés culturels des ambassades africaines à Paris, permettant d’obtenir des introductions auprès des ministres que nous voulons rencontrer sur place. L’accueil a été très positif partout, même si l’on sent bien que les interlocuteurs ne consacreront pas tous autant d’énergie à nous aider. En tous les cas, dans le principe, et à l’exposé du projet, ces attachés culturels se montrent très favorables à notre action, et nous adressent de chaleureuses félicitations !

-    Les relances auprès des 600 journalistes contactés en France pour la médiatisation du Rallye. Claire Vesneyan fait à ce propos un travail remarquable, et m’aide beaucoup. Malheureusement, malgré la qualité du dossier de presse, et un bon nombre de réactions positives, il n’y a eu encore que très peu de contacts avec les journalistes permettant d’assurer des retombées médiatiques. Le groupe Jeune Afrique m’a accordé un rendez-vous et promis un article avant le départ. J’espère bien que les trois dernières semaines vont engendrer de nouveaux rendez-vous.

Par ailleurs, tous les rendez-vous avec les attachés culturels des ambassades de France situées dans les pays africains de la tournée, avec les Alliances Françaises et Centres culturels français sont désormais en bonne voie, grâce au soutien de la Direction du Français du service d’aide au développement du Ministère des Affaires Etrangères. Il reste maintenant à savoir ce que ces autorités, Ministres africains ou Services culturels d’ambassade, vont pouvoir nous apporter. Les Africains ont besoin de tout. De l’argent, des jeux, des locaux, des accès facilités à l’informatique, de la reconnaissance. Ce ne sont pas les sujets de demande qui vont manquer. Bien sûr ces rendez-vous seront conduits avec eux.

A ce propos, bravo aux Béninois qui ont effectué les démarches eux-mêmes à l’aide des lettres type que je leur ai adressées. Ils sont parvenus à fixer les rendez-vous, en particulier avec le correspondant national de l’OIF à Cotonou. Bravo, aux Togolais aussi, qui sont en voie de constitution d’une nouvelle fédération : La Togolaise des Mots, et l’impulsion du Rallye n’est sûrement pas étrangère à ce succès. Bravo, enfin aux Camerounais qui ont l’air d’avoir trouvé un terrain d’entente pour faire en sorte que se constitue une seule fédération camerounaise de Scrabble, interlocutrice unique du Rallye.

Du côté de mes correspondants scrabbleurs africains, qui longtemps se sont fait attendre dans leurs réponses à mes questions, tout va bien également. Dans chacun des pays, je dispose maintenant d’un plan d’action précis, et suis assurée de la qualité de l’accueil. En théorie, je devrais avoir un hébergement partout, et un véhicule pour effectuer toutes les tournées en province qui ont été prévues. Mais sur ce plan, si mésaventure il y a, ce n’est pas bien grave, et fait partie des joies du voyage !

Voilà pour les dernières nouvelles. Mon prochain article précèdera le départ de quelques jours.

Amis scrabbleurs, à très bientôt.