Le temps est long, mais le départ approche. J’ai le loisir désormais de contempler mes billets d’avion qui concrétisent un peu le rêve. Départ de Paris Orly le 9 février 2007 à 9 heures par Air Sénégal. Correspondance pour Cotonou à 15 heures. Arrivée en soirée. J’imagine… La chaleur, la rencontre avec mes correspondants, l’enthousiasme du projet qui démarre…
Entre-temps Papa Noël va peut-être m’acheter un sac de voyage tout neuf, car le mien, datant du tour du monde 05-06 est à bout de forces !
Mais en attendant de rêver l’hiver n’en finit pas de traîner, et les tâches sont encore nombreuses.
La communication externe est un travail gigantesque, puisque notre opération est susceptible d’intéresser des médias ou des rubriques d’ordre très divers : culture, jeunesse, pédagogie, féminin, voyage, jeux et loisirs, etc. Pas facile dans ces conditions de se livrer à un vrai ciblage. Un miraculeux logiciel mis à ma disposition par une amie m’a permis d’effectuer environ 600 envois du dossier de presse par mail. Car aucun budget n’est possible pour les actions de communication sur cette opération, toutes les forces étant concentrées sur le matériel et les déplacements. Claire Vesneyan a la gentillesse de m’aider à effectuer les relances sans lesquelles nous n’avons que très peu d’espoir d’obtenir des retombées. Ne nous faisons pas trop d’illusions tout de même. Le Rallye des Mots à la une du 20 heures, ce n’est pas encore pour demain, à moins que n’arrive une catastrophe dont nos médias sont si friands ! Il vaut peut-être mieux ne pas l’espérer du tout, non ?
J’espère avoir plus de retour de ces envois aux journalistes que je n’en ai obtenu à ce jour de mes demandes de contact avec les Alliances françaises et les correspondants nationaux de l’OIF. Aucun de mes interlocuteurs ne m’a encore fait signe ! Cette attente est désespérante et m’interroge beaucoup : Notre cause serait-elle absolument sans échos ? Notre démarche mal comprise ? Ou bien s’agit-il là de l’inertie habituelle des services de ce type ? Je n’en sais rien, mais m’inquiète de ce silence à maintenant quelques semaines du départ. Aucun de mes rendez-vous avec les officiels que je dois rencontrer en Afrique n’est encore fixé. J’ai l’impression que beaucoup de choses devront s’improviser sur place.
Les devis de fret maritime sont en cours. Un transitaire devrait s’occuper d’aller chercher le matériel sur le lieu de stockage, de régler les questions douanières et d’acheminer le tout par bateau sur Cotonou, où je pourrai le prendre en charge à partir du 10 février. J’imagine volontiers nos containers bleu et rouge sur le pont d’un gros cargo en route vers l’Afrique ! Les caramels qui s’entrechoquent au rythme des vagues, les ODS qui balancent, les chronos qui se mettent en route tout seul ! Je vais m’intéresser de près à la météo marine à partir du 15 janvier !
La correspondance avec les scrabbleurs africains des différents pays où je vais me rendre est très longue. Là encore, mes demandes restent souvent sans réponse pendant des semaines entières, sans même que je sache si mes mails sont parvenus. Il n’est pas facile de communiquer avec mes interlocuteurs, la plupart d’entre eux n’ayant même pas d’ordinateur personnel et devant se rendre dans d’improbables cybercafés pour me lire. Toute cette attente est assez épuisante, et souvent démoralisante je dois dire… Vivement que j’ai enfin tout le monde en face de moi !
Bon, alors cessons de nous plaindre ! Il y a aussi de bonnes nouvelles. La quantité de matériel collectée est honorable. Les ODS 4 de Larousse vont nous parvenir avant la fin de l’année. Une fédération togolaise de Scrabble est en voie de création. Ceci est encourageant. Hannah Maniquant va me former à l’arbitrage. Les plans d’action des différents pays me parviennent au fur et à mesure. L’OIF n’a toujours pas dit « non » à notre demande de subventions. Pas « non », ce n’est pas encore « oui », mais l’espoir demeure. Alors, ma vieille, de quoi te plains-tu ?
En fait, tout irait bien si je n’avais la très mauvaise éducation que m’a donnée l’entreprise où j’ai travaillé trop longtemps : action-réaction, caractère impératif des délais, gestion de la rentabilité, obligation de réussite, etc… Autant de valeurs dont je dois je me séparer si je veux maintenant travailler avec des services publics d’une part, des associations animées par des bénévoles d’autre part, et des africains qui ont leur propre rythme enfin ! Pour les uns comme pour les autres, les modes de fonctionnement échappent à toutes ces contraintes. Je suis en train de comprendre tout ça par l’expérience. C’est d’une révolution culturelle dont j’ai besoin si je ne veux pas trop souffrir ! Mes interlocuteurs ne changeront pas. A moi de m’adapter… Je vais m’y atteler. Mais je le sais, ce genre d’adaptation m’est personnellement plus difficile que celles qu’exige la survie dans la jungle ou les pistes cabossées pendant 8 heures d’affilée ! A chacun son truc…
Encore un article de blog sans doute un peu désenchanté en janvier, puis sur le terrain dès février, je promets des articles bihebdomadaires pleins d’enthousiasme et d’émotions.